In Vino Veritas

Virée chez Jacques Germanier

A l’occasion d’un passage en Valais cette semaine, j’ai profité de la proximité du Domaine Jacques Germanier pour y faire une petite dégustation, en particulier du Chardonnay Réserve. Le soir, j’ai aussi pu goûter à un très beau Bordeaux : Château Les Trois Moulins 1999, Saint-Emilion Grand Cru.


Le Valais est une région viticole magnifique avec des paysages typiques. Au coeur de cette région, le Domaine Jacques Germanier jouit d’une renommée importante en particulier pour ses vins de cépage. Profitant d’un déplacement professionnel, j’ai pu me rendre à Conthey pour découvrir les vins de ce domaine. En outre mon père voulait depuis longtemps acheter d’autres bouteilles de son Chardonnay Réserve après l’avoir découvert dans un Restaurant à Zermatt il y a un an.

La Cave du Tunnel se trouve à flanc de montagne, au coeur du vignoble valaisan. Il est presque 18h quand j’arrive chez Germanier et je me presse à demander le jeune employé s’il pouvait me faire découvrir quelques vins du domaine. Nous commencons par une nouveauté originale à savoir L’A.p.RO 11:30 et L’A.p.RO 18:30, plus de circonstance… Ce dernier fut aussi le plus en verve, plus épanoui, plus gras, plus long que son compère 11:30, avec des notes de fruits blancs (poire, pêche blanche, banane) et de fleurs. Il s’agit d’un assemblage à dominante Chardonnay avec un complément Humagne Blanc et Amigne. Pour l’apéritif, c’est un vin agréable.

La gamme se décompose ensuite en Tradition et Réserve, c’est-à-dire vieilli en barrique. Le seul vin Tradition qu’il m’ait été donné est le Chardonnay Tradition 2007, Jacques Germanier qui se distingue par son nez friand d’herbes fraîches, d’agrumes et se révèle gras, ample au palais avec un joli fruité en fin de bouche. Dans l’ensemble, il pêche toutefois par un léger manque de maturité.

Je porte mon attention sur la gamme Réserve puisque relativement pressé par le temps, je me concentre sur les meilleurs vins du domaine. Le Chardonnay Réserve 2007, Jacques Germanier arbore un nez riche en fleurs blanches, épices et beurre. Belle finesse au nez et en attaque puis le tout explose et se montre puissant. La finale est chaude et persistente : elle montre le potentiel de garde de ce jeune vin qui gagnera en finesse, en rondeur et en complexité dans les 5 ans. Preuve en est avec le Chardonnay Réserve 2005, Jacques Germanier qui est plus vanillé, plus gras avec tout autant de puissance mais plus de volume. Les notes de vanille, de bonbon, de beurre et de banane sont typiques d’un élevage long en barrique, alors que des arômes de fruits rouges sont plutôt une surprise. L’acidité est tout de même présente et bienvenue pour contre-balancer le fruit et le volume de l’ensemble. Petite parenthèse avec le Pinot Gris Réserve 2006, Jacques Germanier, histoire de le comparer à nos vins d’Alsace. Les similitudes sont rares à vrai dire car ce vin se révèle épicé et avec une certaine amertume. La souplesse et la maturité sont là, mais ce Pinot gris n’est pas trop à mon goût pour être honnête.

Trois vins rouges me sont ensuite présentés par ce jeune homme un peu en dedans en matière d’oenologie il faut bien le dire. L’heure de fermeture approche et je m’empresse de goûter le vin rouge qui fait la renommée de la maison, à savoir le Cornalin 2006, Jacques Germanier. De couleur violacée pourpre intense, il se montre complexe et intense. Vanille, bonbon, fruits rouges et noirs confiturés, il est sapide en bouche et d’une bonne longueur. Il s’agit du meilleur vin rouge de la série, le Merlot Réserve 2007, Jacques Germanier se révélant de belle maturité mais encore tannique et rugueux en bouche, et le Syrah Réserve 2007, Jacques Germanier certes intense et frais, mais n’arrivant pas à la cheville à d’autres Syrah plus pures et plus aériennes.

Pour finir, je suis curieux de goûter l’Or de Conthey 2006, Jacques Germanier, cet assemblage Sémillon/Sauvignon blanc typique du Sauternais aux couleurs or pâle et aux senteurs fortes de vanille, de banane, de pâte de fruit. Certaine fraîcheur, attaque veloutée aux accents de miel, de fruits confits avec une acidité bienvenue. La texture de bouche est très agréable, la finale moelleuse, chaleureuse et tout en longueur. Une très belle vendange tardive.

Je dirais pour résumer que Jacques Germanier produit des vins de cépage plutôt que des vins de terroirs, à la différence d’autres producteurs de la région. Il s’appuie sur un élevage en barrique qui semble plutôt long et qui marque sensiblement ses vins. Je serais curieux de goûter des millésimes plus anciens afin de pouvoir juger sur la capacité de ceux-ci à pouvoir digérer leur élevage. En effet, des notes récurrentes de vanille, de banane ou d’amandes attestent de la force de la barrique. J’ose espérer que l’âge adoucira et fondra ces arômes en des notes plus fines. Mes achats du jour sont là pour en attester dans quelques années….

A mon retour en Alsace, je suis invité en dernière minute pour un apéro chez mes amis futurs papa et maman, à savoir Dax et Mélanie. Pour la venue prochaine de leur bébé, nous sommes conviés à un dîner sur le pouce. L’accompagnement du plateau de charcuterie et des fromages est un Château Les Trois Moulins 1999, Saint-Emilion Grand Cru. dans la force de l’âge. Nul doute que ce vin est à maturité : tout y est harmonieux, fondu, avec les caractéristiques du grand terroir de Saint-Emilion : fruit noir, terre, cacao, fine touche herbacée. Un vin à son apogée pour notre plus grand plaisir, avec une finale profonde et moyennement longue. Superbe pour un lundi soir… et je ne parle même pas de la délicieuse tarte à la rhubarbe meringuée ou de ce Bas-Armagnac d’une grande finesse dont j’ai malheureusement oublié le nom.

J’apprécie ces moments de convivialité impromptus qui sont la preuve même d’une grande amitié. Merci à vous deux Mélanie et Dax.

In vino veritas
Thomas

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