Vente aux enchères de grands vins d’Alsace…

… et dégustation de beaux nectars : Muscat 1980 ; Tokay Pinot Gris Réserve Personnelle 1983, Domaine Kuentz-Bas ; Gewürztraminer Réserve 1971, Bott Frères

Vous n’êtes pas sans savoir que ce blog est tenu par des Alsaciens. Qui dit Alsace dit régionalisme, tourisme, magnificence des paysages et bien sûr vignoble de tout premier rang dans la hiérarchie des vins de France. Alors quand j’entends certains « connaisseurs » dire que les vins de notre région doivent être bu dans leur prime jeunesse, je les aurais bien invité à venir avec moi à une Vente aux Enchères de grands vins d’Alsace dimanche 29 octobre au Château de Kientzheim, qui abrite la Confrérie Saint-Etienne.

Lors de cette vente aux enchères inédite, je leur aurais montré l’intérêt que portent certains grands amateurs pour des vins d’Alsace remontant jusqu’au millésime 1950. Tous ces flacons ont sommeillé dans la Cave de la Confrérie Saint-Etienne durant plusieurs décennies, après avoir été sélectionnés chaque année par cette Association de promotion des vins d’Alsace comme étant les meilleurs vins du millésime. Tous ces flacons font partie des meilleurs que notre vignoble et nos vignerons peuvent produire, et se sont vus attribuer une  »Sigille de Qualité ».

Tous les grands étaient là : plusieurs flacons précieux des domaines Zind-Humbrecht, Trimbach, Colette Faller et filles, Marcel Deiss, Léon Beyer, j’en passe et des meilleurs. Tous ces vins ont été mis en vente dans le but de promouvoir la fabuleuse garde des vins d’Alsace. D’ailleurs, les prix d’adjudications proclamés par le notaire dirigeant cette vente ont témoigné de la volonté des amateurs de repartir avec les meilleurs Alsaces des 50 dernières années. Alors à défaut d’avoir pu remporter un lot, j’ai pu déguster quelques bouteilles généreusement ouvertes par les membres de la Confrérie durant la vente.

Tout d’abord, un Muscat 1980. Couleur jaune pâle, légèrement trouble. Nez aux senteurs de moisi, de roquefort, les fruits et les senteurs de fleurs sont en retrait. A mon avis, la bouteille a été ouverte juste avant le service. A l’aération, des notes plus minérales. L’attaque est légère, avec une forte acidité, avec des notes de pomme, de pêche, un peu plus floral. L’acidité du vin donne une sensation de chaleur, d’autant plus que le vin est servi trop chaud. Belle longueur chaleureuse.

Durant la première pause, agrémentée par les jeunes voix du Rhin, chaque convive reçut un verre de Tokay Pinot Gris Réserve Personnelle 1983 du Domaine Kuentz-Bas. La montée en gamme est nette, on arrive à un domaine célèbre. L’évaluation de ce vin a été spéciale pour moi, car il s’agit d’un vin de mon année de naissance. Un très bon vin ! Robe jaune clair, disque épais et glycérol. Un nez discret mais très fin d’agrumes et de pêche blanche. L’attaque est puissante, épicée. Le vin est ample, gras, avec des arômes de pêche, de kirsch, de foin. Belle acidité qui apporte une belle fraîcheur. La finale est longue avec une pointe de chaleur, témoin d’un millésime mûr et chaud. Très très bien.

Peu avant la fin de la vente, nous avons pu toucher au très grand, avec un Gewürztraminer Réserve 1971 de chez Bott Frères. La robe est or, avec des reflets clairs. Le nez est flatteur, encore très jeune (!), proche d’une vendange tardive (agrumes, pralin, amande), notes de rose à l’aération. Grande complexité. Le vin est à maturité, frais, avec une acidité fine. En bouche, le fruit a laissé sa place aux épices (clous de girofle), au poivre, au chocolat blanc, à la réglisse, à l’amande douce. La finale est moins longue que le vin précédent, mais plus complexe. Un grand vin !

Alors s’il vous reste des vieux Alsaces dans votre cave, pensez à les apprécier à leur juste valeur, et sachez qu’ils constituent souvent une magnifique surprise…

In vino veritas
Thomas