Au cours d’un petit salon des vins organisé dans la région, nous avons découvert avec deux amis un jeune et talentueux viticulteur du Maconnais en la personne de Bruno Goyard. Son Domaine de Chervin nous a proposé une bien belle dégustation de quatre vins de sa gamme. Je vous les recommande vivement…
Ca y est, le printemps pointe à nouveau le bout de son nez ! L’occasion en ce dimanche de se rendre avec mes collègues Benoît et Odilon à un petit salon des vins à Habsheim, près de Mulhouse. Rien de tel pour animer cette belle après-midi… Rendez-vous chez Marie et Benoît qui nous accueillent malgré de grands travaux dans leur maison et des enfants survoltés ! Après un café, plusieurs Ferrero Rocher et quelques belles rigolades, nous partons entre hommes pour ce salon modeste qui réunit environ 20 vignerons et négociants.
A côté de plusieurs stands très peu attirants au premier regard, un vigneron seul derrière son stand minuscule en coin nous attend. Il s’agit de Bruno Goyard, jeune viticulteur à Burgy près de Mâcon dont je n’avais jamais entendu parler. Le contact passe très vite et très bien : en effet, ce vigneron engagé et plein de (bonnes) convictions nous conte ses pratiques très respectueuses de la vigne et de l’environnement.
La famille Goyard tient le Domaine de Chervin depuis trois générations et a toujours cultivé ses vignes de façon traditionnelle : labour de printemps et d’automne (entretien des sols en profondeur), entrecoupés de binages. Le désherbant est proscrit, d’ailleurs il n’hésite pas à nous avouer qu’il est bien plus qu’en lutte raisonnée ! Par ailleurs, 1/4 des grappes sont éliminées très tôt dans le cycle végétatif au printemps pour limiter le rendement et lutter de façon naturelle contre le développement des maladies. Toujours cueillis à la main, ils sont vinifiés traditionnellement (sans levurage) dans le chai où, pendant plusieurs semaines, une grande attention est portée tant à la fermentation qu’aux températures, afin d’optimiser au mieux parfums et arômes.
Après une longue discussion, nous commençons la dégustation par un Mâcon-Burgy 2007 vif et généreux mais somme toute assez simple. Par contre, le Mâcon-Burgy 2003 servi en magnum s’exprime bien mieux grâce à un meilleur vieillissement qu’en bouteille. Il présente un nez plus complexe de fruits blancs (poire) avec une évolution sur la vanille et l’herbe fraîche. Pas de bois en bouche, l’acidité est légère mais correcte et soutient bien cet ensemble chaleureux.
Mais la palme revient à son excellent Viré-Clessé « En Châtelaine » 2006. Issu d’une petite parcelle de 0.6ha sur cette nouvelle appellation et d’une vigne plantée en 1917, ce vin est assurément un des tous meilleurs Viré-Clessé que je connaisse. Doté d’une palette aromatique charmeuse et complexe de fruits blancs (pêche blanche, poire), de fleur d’acacia, d’herbe fraîche et de miel, il se montre déjà franc à l’attaque puis très sapide et puissant en bouche. La concentration est remarquable et témoigne bien de rendements faibles (35hL/ha). La finale est grasse, persistante, avec tous les arômes du nez, particulièrement cette belle touche exotique. Honnêtement, je ne m’attendais pas à un tel niveau de qualité ! C’est un véritable nectar qui accompagnera idéalement des Saint-Jacques poêlées ou des gambas ou encore des viandes blanches en sucré-salé. Je vous recommande vivement cette cuvée rare et exclusive (4000 bouteilles produites, prix propriété 16,40€).
Pour finir, nous dégustons le seul vin rouge proposé par la propriété à savoir le Mâcon-Burgy 2006. Bruno Goyard nous précise que l’appellation doit nous donner une indication quant à la composition du vin étant donné que seuls les vins produits à 100% de Gamay peuvent prétendre à l’appellation Mâcon, les Pinot Noir n’ayant droit qu’à l’appellation Bourgogne Rouge. Passé ce petit test, il est vrai que ce jeune vin de couleur rubis foncé étonne de par sa puissance. Passé son côté animal, il s’ouvre sur la cerise noire, la terre, les sous-bois et une note poivrée très présente. L’attaque en bouche est généreuse avec une évolution tannique sur la cerise noire, les épices et un côté variétal qui témoigne de toute la jeunesse et la fougue de ce vin qui évoluera certainement vers un côté plus élégant après quelques années de vieillissement. La finale est bien fraîche et persistante. Un Gamay très original car charpenté qui est à des années-lumière d’autres exemples plus légers. On a presque le sentiment d’avoir affaire à un vin plus méridional composé de cépages du Rhône.
En somme, ce domaine propose une gamme peu profonde mais très complète avec des vins de caractère, concentrés car issus de rendements faibles et plutôt accessibles par rapport à leurs homologues du Nord de la Bourgogne. Il ne vous reste plus qu’à vous rendre à Burgy et découvrir ces beaux vins encore très peu diffusés et qui gagnent à être connus.
In vino veritas
Thomas