La grandeur des vins d’Alsace a bercé ce mois de novembre avec plusieurs dégustations et des grands vins : Grand Cru Mambourg 2005, Domaine Marcel Deiss ; Muscat Vendanges Tardives 2005 du Clos Saint-Landelin ; Riesling Grand Cru Furstentum Vieilles Vignes 1985, Domaine Paul Blanck ; Pinot Noir 2000 du Clos Saint-Landelin. De très bons souvenirs !
Je pense que les amateurs de vins d’Alsace ont déjà l’eau à la bouche à la suite de la lecture du chapeau de l’article. A vrai dire, il faut avouer que le mois de novembre m’a permis de toucher au Grand en matière de vin d’Alsace. Petit aperçu de ces belles dégustations du mois passé…
- Sylvaner Grand Cru Zoztenberg 2005, Domaine Emile Boeckel. Une nouveauté en Alsace, le Zoztenberg étant le seul terroir sur lequel le Sylvaner a été classé en Grand Cru. Un de mes domaines fétiches : à l’aveugle, il est très difficile de trouver le cépage. Le vin est clair et développe un nez frais, minéral, avec des notes discrètes d’agrumes. En bouche, il est déjà pratiquement formé, avec un bel équilibre. La finale est fraîche et droite. Une curiosité qui en épatera bien plus d’un sceptique quant à la noblesse de ce cépage. IVV : 89/100
- Riesling Grand Cru Wiebelsberg 2005, Domaine Rémy Gresser. Mon intention initiale était de comparer le Wiebelsberg de Gresser à celui de Boeckel, mais il faut avouer que celui-ci met la dragée haute. Un nez discret, mais en bouche, le vin dévoile sa classe avec des notes sublimes d’eucalyptus et d’amande douce. C’est beau et ça a de l’avenir ! IVV : 91/100
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Grand Cru Mambourg 2005, Domaine Marcel Deiss. Un grand d’Alsace qui est venu simplement avec trois grandes bouteilles, un Altenberg de Bergheim 2005, un Schoenenbourg 2005 et enfin ce somptueux Mambourg 2005. « Quand les trois bouteilles sont vides, je rentre chez moi ! », dit-il. On pourrait parler des heures avec Jean-Michel Deiss, cette grande figure anti-conformiste de la viticulture française. Il est tellement passionné et convaincant que l’on se demande pourquoi tous les vignerons ne font pas comme lui ! Mais concentrons-nous sur ces vins, trois chefs d’oeuvre mais encore peu évolués. Le plus flatteur à ce stade est assurément le Mambourg 2005 issu d’un terroir complanté de toutes les variétés de pinots. C’est somptueux ! Que dire de plus, une complexité délirante à ce stade, une fraîcheur et un équilibre déments, un gras qui flatte le palais et crée cette rondeur envoûtante. Du grand art ! IVV : 96+/100. Merci, Monsieur Deiss ! - Riesling Grand Cru Geisberg 2005 et 1995, Domaine André Kientzler. J’ai le souvenir de deux beaux vins marqués par leur terroir. C’est pur, on sent deux Rieslings expressifs, sans fioritures, avec un grand potentiel de vieillissement. IVV : 90/100
- Riesling Grand Cru Furstentum 2005 et 1985, Domaine Paul Blanck. La présence de M. Blanck est toujours remarquable, car ce domaine de référence propose des vins de premier plan. Le 2005 est bien évidemment encore très jeune, mais il offre une structure solide, charpentée. Le vin est expressif, vif, avec des notes fumées agréables. On retrouve aussi le fumé dans ce splendide Riesling Grand Cru Furstentum Vieilles Vignes 1985, d’une complexité remarquable, avec des notes de pétrole et de minéral. Le fruit a laissé sa place aux arômes tertiaires, un grand grand vin à maturité. Comme quoi, les grands vins d’Alsace ont besoin de beaucoup de temps pour exprimer toute leur classe. IVV : 94/100, voire plus pour mon père ! Pour finir, j’ajouterai aussi un Gewürztraminer Sélection de Grains Nobles 1994 particulièrement attirant, avec une belle liqueur et une longueur rafraîchissante. IVV : 92/100 Le passage à ce stand restera un très beau souvenir.
- Muscat Grand Cru Mambourg 2005, Domaine Maurice Schoech. Ce domaine propose de grands vins de terroir sur le Mambourg, avec notamment ce magnifique Muscat de noble origine. Ce n’est pas une bombe fruitée et florale, il joue dans le registre de l’élégance. Un vin de gastronomie. IVV : 91/100. J’attire l’attention sur ce domaine qui offre des vins très intéressants sur ce terroir du Mambourg, mais aussi des Rieslings de terroir sur le futur Grand Cru Kaefferkopf…
- Pinot Gris Grand Cru Goldert 2005, Domaine Ernest Burn. Nous parlions auparavant de Muscat de terroir, voici un virage à 90° avec les vins de ce domaine, des bombes fruitées issues du Grand Cru Goldert, célèbre pour ces Muscats. D’ailleurs, Le Muscat Grand Cru du Clos Saint-Imer 2005 en est une de bombe florale et fruitée. C’est équilibré et très flatteur, très réussi. Mais mon intérêt se porte sur le Pinot Gris Grand Cru 2005 du Clos, qui est d’une belle complexité fruits-fleurs, suave, avec une finale ensoleillée. IVV : 92/100. Francis Burn m’a confié qu’il adorait ce type de vin flatteur, sucré, exotique. J’en ai goûté la version extrême, un Pinot Gris Grand Cru Goldert Sélection de Grains Nobles 2000, et je dois avouer que ce vin très foncé était à la limite de la viscosité, avec des taux de sucre faramineux. Un dessert à lui tout seul, mais à vrai dire, j’ai eu du mal à poursuivre la dégustation après ce sirop. A boire dans 30 ans !
Cette sublime journée s’est achevée par un passage au stand du Clos Saint-Landelin et la dégustation du Muscat Clos Saint-Landelin Vendanges Tardives 2005. Un grand moment, quel vin ! J’ai le souvenir d’une finesse, d’une pureté hors du commun, une subtilité et une précision dans les arômes, on croque dans le raisin ! Fabuleux. D’après Thomas Muré, le domaine a pu profiter d’un nouveau pressoir vertical (comme dans le Sauternais) pour tirer la quintessence du raisin. Et mon Dieu qu’il a raison… IVV : 97/100.
La transition est toute faite et me permet de revenir également sur ma visite, avec mon père et mon oncle aux Journées Portes Ouvertes du Clos Saint-Landelin, le dimanche 3 décembre. Nous avons pu pénétrer à l’intérieur de ce domaine phare, et nous avons été accueillis par une équipe très sympathique et très professionnelle. La dégustation a débuté avec les rouges, et mention spéciale ici au Pinot Noir, Clos Saint-Landelin 2000. Un vin à maturité, avec un nez aux arômes de fruits mûrs, de légères notes végétales et poivrées. En bouche, c’est fondu, concentré mais avec un beau velouté. Magnifique ! IVV : 94/100.
Nous continuons notre dégustation avec un Crémant tout à fait parfait ! Le Crémant cuvée Prestige, René Muré a été élaboré avec un assemblage complexe qui lui donne des arômes subtils au nez (pomme, fruits exotiques). En bouche, c’est d’une grande finesse et très désaltérant. Un des meilleurs Crémants qu’il m’a été donné de goûter. IVV : 91/100. Enfin, nous procédons à une visite de la cuverie sous les conseils éclairés de Michel, le sympathique maître ce chai. Après une longue visite et quelques débats, nous remontons pour terminer cette dégustation par les blancs. A noter deux beaux Rieslings du Clos Saint-Landelin, en 2003 et 1998, mon père me parle aussi d’un Riesling Clos Saint-Landelin Vendanges Tardives 2001 superbe. Pour ma part, je finis cette dégustation par un somptueux Gewürztraminer Clos Saint-Landelin Vendanges Tardives 1994 en accord avec un morceau d’un fromage anglais que M. Muré nous a conseillé, le Stilton. Grandiose ! Ce vin est arrivé à maturité, avec une couleur or foncé prometteuse, il dévoile des notes d’abricot confit et de sucre roux, de caramel. Une liqueur généreuse et complexe, sans lourdeur, une finale gouleyante et longue. Un vin magnifique ! IVV : 94/100, assurément.
Ceci conclut mon commentaire. Pour tous ceux qui sont allés au bout de la lecture, il ne me reste qu’a les féliciter de leur patience et de leur intérêt ! Mais personnellement, ce mois de novembre m’a permis de (re)plonger dans les trésors que peut offrir l’Alsace en terme de vins. Une magnifique expérience.
In vino veritas et à bientôt pour la prochaine Afterping…
Thomas