Même en été il est difficile de refuser quelques invitations alléchantes ! Tel fut le cas chez Stéphane avec quelques bouteilles savamment sélectionnées : Riesling Logelberg 2011, Jean-Louis & Fabienne Mann ; Riesling Grand Cru Zinnkoepflé 2009, José Ebelmann ; Chablis Grand Cru Les Clos 2001, William Fèvre ; Mâcon-Cruzille « Les Perrières », Domaine Guillot-Broux ; Barolo Riserva « Vigneto Rocchette » 2007, L. Accomasso ; Barbera d’Alba « Delia » 2006, Reverdito ; Barolo « Riva Rocca » 2010, Reverdito ; Riesling Grand Cru Steingrübler 2007, Domaine Stentz-Buecher.
Il nous a fallu attendre la baisse des températures caniculaires de ces derniers jours pour nous retrouver chez notre ami Stéphane, Avinturier récemment adoubé, autour de quelques bouteilles sélectionnées. Je commence à connaître l’animal : en fervent amateur de Rayas et de grands vins du Piémont, nous étions partis pour passer une bonne soirée chez lui, dans la campagne haut-rhinoise. Sa sympathie et sa générosité n’ont d’égal que sa connaissance en vin, je suis sûr que nous serions d’excellents compagnons d’affaires tous les deux. A suivre…
Nous débutons sans attendre avec un Riesling Logelberg 2011, Jean-Louis & Fabienne Mann qui nous est servi à la volée pour l’apéritif. Il provient d’un terroir exposé à l’Est sur le ban de Katzenthal, formé de sable granitique en surface et de calcaire en profondeur. Son fruit jaune mûr est complété par des notes de miel et de fruits exotiques confits. Une expression ensoleillée tranche avec un caractère sec et profond du terroir sous-jacent. La bouche confirme cette impression chaleureuse mais sèche, elle reflète la violence du granit dans un millésime solaire. L’équilibre du vin pourrait encore se développer à la garde car je le sens pas encore au top. Sa finale est elle aussi un peu entêtante à mon goût. Nous poursuivons cette mise en bouche avec un autre Riesling Grand Cru Zinnkoepflé 2009 de José Ebelmann. J’ai déjà eu la chance de rencontrer José Ebelmann, un vigneron attachant, humble et réputé pour ses liquoreux sublimés par la grâce du Zinnkoepflé. Cette fois-ci Stéphane nous sert un vin plus sec au nez d’agrume, de citron, de fleur d’acacia et de végétal. La bouche ronde en attaque souligne la présence de quelques grammes de sucre résiduel. Les arômes du nez se retrouvent au palais qui joue dans un registre plus suave et plus rond que le vin précédent. Il finit longuement et avec une distinction étonnante malgré toute l’opulence de ce millésime 2009.
Nous passons à table avec un duo de noix de Saint-Jacques et de crevettes grises fraîchement poêlées. J’avais proposé depuis longtemps à Stéphane d’apporter une bouteille mystère pour cette soirée. Il s’agissait de mon dernier flacon de Chablis Grand Cru Les Clos 2001 de William Fèvre. Ma dernière dégustation de ce vin date de 5 ans en arrière (voir par ailleurs). A la relecture de mes notes, j’avais annoncé un potentiel supplémentaire de 5 ans, alors que vaut vraiment cette ultime bouteille ? Sa robe intense mêle le vert et le jaune, avec une consistence digne des plus belles huiles d’olive. Le premier nez mêle la noix de coco, la farine et le minéral mais se veut plutôt discret et effacé. On dirait que ce vin sommeille encore avant de s’ouvrir sur des notes gourmandes de biscuit et de yaourt. En bouche il passe à la vitesse supérieure et expose une grande richesse ainsi qu’un boisé vanillé bien intégré à ce stade de son évolution. Ce Chablis sec, salin et sapide en finale se prolonge de manière interminable, c’est peut-être là que l’on oublie toutes ses petites imperfections et adhère à son statut de Grand Cru. S’il vous en reste quelques bouteilles, faites-vous plaisir car à mon humble avis, il ne deviendra plus meilleur… Face à lui le Mâcon-Cruzille « Les Perrières » 2012 du Domaine Guillot-Broux est une découverte, issue d’une famille de vignerons qui travaille dans le respect de l’agriculture biologique depuis 1991. Micro-cuvée tirée à 3000 bouteilles, elle provient d’un sol calcaire peu profond sur la petite commune de Cruzille-en-Mâconnais. Le nez de ce vin est encore un peu souffré, discret mais au joli boisé. Spectaculaire dès l’attaque de bouche, cette cuvée intense, tranchante et au fruité précis de pêche de vigne et de prune joue des coudes. Certes c’est boisé et plutôt moderne mais la structure du vin supporte le tout allègrement. Je pense même que ce vin sera très bien dans 2 à 3 ans. Une étonnante surprise !
Merci Stéphane pour ce voyage sur les terres bénites de la Morra ! Nous revenons dans les vignobles d’Alsace pour finir cette soirée amicale et conviviale avec un Riesling Grand Cru Steingrübler 2007 du Domaine Stentz-Buecher. Un Grand Cru d’école, riche en arômes au nez avec un fruit jaune intense, des notes mûres de miel et de cannelle, de pêche et de chocolat blanc. A l’aveugle je m’orientais déjà vers les Grands Crus d’Eguisheim, sur ces sols marno-calcaires qui procurent un superbe équilibre aromatique au Riesling. La minéralité du terroir se conjugue à une sensation fine et aérienne. Sur ce beau millésime tardif, ce vin offre une superbe expression fruitée et finit tout en finesse. Il s’agit d’une superbe expression de ce cépage pour un vin à boire pour lui-même, en fin de repas.
Je ne peux que remercier nos hôtes de ce soir, pour leur accueil chaleureux ainsi que leur générosité. Stéphane savait que nous allions le taquiner pour ouvrir du Rayas, c’est bien pour celà qu’il n’en a pas ouvert ! J’aime ce supplément de personnalité, il n’empêche que j’ai été transporté par la beauté de ces troix vins rouges du Piémont. A très bientôt pour une nouvelle édition de cette soirée entre amis, et encore mille mercis…
In vino veritas