Vous connaissez certainement le Domaine de Bila-Haut, Côtes de Roussillon Villages basé à Latour de France, propriété du célèbre Michel Chapoutier. Nous avons remonté le temps avec la cuvée Occultum Lapidem sur 4 millésimes et sur une magnifique Côte de Boeuf préparée par Benoit.
La dernière Soirée 20 de la saison se profile avec les chaleurs torrides de ce début d’été. Heureusement que nos soirées ne débutent qu’à 20h20 pour nous laisser le temps de nous rafraîchir quelque peu. Car il est vrai que le climat ne fut pas des plus propices pour cette verticale du Domaine de Bila-Haut Occultum Lapidem, Côtes du Roussillon Villages Latour de France. C’est chez notre ami Benoit que cette soirée aura lieu en ce vendredi car tout le monde voulait admirer la nouvelle terrasse de notre hôte, certainement une des plus grandes de la région ! Mais ce n’est pas pour autant que cette soirée scellera les travaux encore à réaliser, nous y avons juste trouvé un bon emplacement pour le barbecue… Tout le monde a encore chaud, trop chaud pour déguster des vins flirtant parfois avec le 15° d’alcool acquis, alors quoi de mieux qu’une petite douche au jet d’eau pour certains !
C’est une fois le soleil couchant que nous attaquons les hostilités. J’avais plusieurs millésimes de ce vin encore en cave ; et c’est en discutant avec Benoit que nous avons aligné quelques quilles de cet excellent rapport qualité-prix du Roussillon. La première bouteille porte le numéro 2008 et arbore un beau grenat sombre aux reflets violacés. Le fruit noir domine au nez et est rehaussé par les épices et une belle fraîcheur minérale. La bouche est très stylée avec une superbe texture et des tannins souples mais présents. Les fruits rouges (framboise) et noirs (mûre, cassis) dominent tout d’abord le palais avant que le tout n’évolue vers les herbes de Provence et l’anis. Le fond minéral de ce vin lui confère un côté très digeste, sapide et une finale équilibrée et profonde. Cette bouteille est excellente et porte ce cru en haut des meilleurs vins du Roussillon.
Le 2007 dévoile déjà une couleur plus évoluée car les reflets violacés n’apparaissent plus. Celui-ci est plus animal à ce stade (sueur, cuir, crin de cheval) avant que n’arrivent les fruits mûrs (confiturés) rehaussés d’une pointe de cacao et de réglisse. L’attaque est souple avec un fruit rouge mûr, mais ce millésime montre moins de relief que son cadet d’un an. L’alcool est plus palpable, l’évolutions sur les épices toujours présente. La fin de bouche arbore une belle trame fraîche qui précède une finale puissante et exquise. Plus tard, ce vin se révèlera exquis sur une framboise fraîche.
Le Domaine de Bila-Haut Occultum Lapidem 2005 a un nez discret et peu expressif qui ne dévoile que le fruit rouge mûr. La bouche est riche, les tannins veloutés mais ce vin n’est pas au niveau de la grandeur de son millésime. La cerise mûre est encore bien présente mais il semble bien que cette bouteille ait passé son optimum. L’équilibre et la fraîcheur qui sont les axes primordiaux d’un vin selon Chapoutier sont toujours là mais ce n’est plus ça. Une déception, à la finale moyennement longue qui ne nous laisserq pas de grands souvenirs.
Nous terminons par le millésime le plus extrême, le plus volatile, le plus risqué de la dernière décennie : vous avez certainement trouvé qu’il s’agit de l’année 2003. J’étais curieux de voir ce que donnerait un Bila-Haut de cette année de tous les records de chaleur. Déjà le bouchon était complètement imbibé : mauvais signe… Mais au final ce vin est tout à fait à la fête, bien plus que son petit frère de 2005. Le nez développe des notes sucrées de bonbon au caramel, de sucre de canne et de fraise écrasée. L’attaque est discrète et souple et reprend ces accents sucrés qui me font plus penser à un vin de Pouilles qui j’aime beaucoup, le Primitivo di Manduria Sessantanni de la Feudi de San Marzano. Doucereux, opulent, c’est assurément un OVNI par rapport à tous les autres vins dégustés dans cette verticale. La finale est quant à elle un peu destructurée mais assez déroutante de puissance et de matière (quetsche, mûre). Un vin à part qui est encore bel et bien là ! Profitez-en sur un dessert au chocolat !
Au final tout le monde est unanime pour classer les vins de la manière suivante : 1. 2008, 2. 2007, 3. 2003, 4.2005. Je me devais encore de remercier notre cuistot du soir qui a préparé une superbe Côte de Boeuf juteuse et riche en goût. Il s’agissait bien sûr d’un accompagnement idéal avec ces vins du Domaine Bila-Haut, qui, en plus d’être un très bon rapport qualité-prix, évolue de manière intéressante à travers les âges. Il lui reste toujours ces belles notes épicées, une matière riche et une superbe fraîcheur qui nous vient d’une grande proportion de Carignan.
In vino veritas