Nous avons récemment eu la chance de partir en Italie l’espace d’une Soirée 20, à la découverte de plusieurs vins italiens, entre autres : Nero d’Avola 2011, Cusumano, Sicile ; Sito Moresco 2007, Gaja, Langhe ; Fontanasanta Manzoni Bianco 2011, Azienda Agricola Foradori, Trentin. D’autres vins français ont aussi attiré toute notre attention, comme le Champagne Louis Roederer confronté au Crémant d’Alsace « Sub Rosa » de la Cave de Beblenheim ou encore le Clos Capitoro 2009, Ajaccio…
Comme vous avez pu le lire, cette soirée éclectique fleure bon les saveurs du Sud et plus particulièrement celles de la cuisine italienne, préparée de main de maître par nos hôtes du soir, Paola et Benoit. Nous n’étions pas forcés d’apporter un vin italien pour l’occasion, même si nous ne sentions obligés de le faire à la vue du programme culinaire suivant : bruschetta, lasagne, fromages italiens et panna cotta… Qu’auriez-vous fait à ma place ?
L’organisateur de la soirée ne s’est cependant pas senti contraint de nous offrir un Prosecco pour débuter, quoi que cette option m’ait traversé l’esprit à la confrontation de deux vins effervescents pour l’apéritif. Le Crémant d’Alsace « Sub Rosa » de la Cave de Beblenheim affiche une robe dorée, soutenue aux reflets saumonés. Quant au Champagne Louis Roederer, il se veut beaucoup plus discret et clair de prime abord. Comme tous les vins sont servis à l’aveugle les spéculations vont bon train quant à l’origine de ces deux mousseux. Le Crémant d’Alsace expose au nez un fruité jaune mûr avec des notes aguichantes de pomme au four, de cannelle avec une légère évolution sur les fruits rouges et la noisette. La bouche est riche, très ample et pleine de maturité ; la bulle est active et supporte dans un premier temps la rondeur et le boisé de l’ensemble. Ce n’est qu’après quelques temps dans le verre, et avec quelques degrés de plus, que le tout ne devienne un peu lourd, avec une trace de noix.
La nuance avec le Champagne est d’autant plus marquée que ce dernier joue plus dans le registre de l’élégance. Le nez se montre très discret et profond, avec des fines touches d’agrumes, de champignon frais et de minéral. L’acidité en bouche tient très la matière charnue de l’ensemble, la bulle est beaucoup plus fine. Mais ce Champagne se distingue surtout par sa fin de bouche longue et empreinte de minéralité qui révèle une certaine dimension de terroir. Une fois de plus ce Champagne sait se distinguer malgré une période d’ouverture assez longue. Il surclasse le Crémant par sa race même si ce dernier sait se montrer charmeur de prime abord. Niveau prix, le Crémant d’Alsace décroche la timbale avec un tarif public de 11€ par rapport au triple pour son compagnon de Champagne. Le prix du luxe, ma foi…
Les bruschette sont délicieuses et nous ouvrent l’appétit, nous nous installons donc sans attendre à table en attente des lasagne ! Yannick nous avait prévenus qu’il était venu pour « casser les codes… » Alors que nous interprétons tous cette annonce comme l’avènement d’une de ses nombreuses bouteilles de Clos de Tart, il nous surprend de manière différente avec le Nero d’Avola 2011 de Cusumano, Sicile et… sa capsule en verre ! Sa robe très sombre est soutenue et ses jambes grasses suggèrent un vin du Sud de l’Italie. Une petite réduction au nez (dissolvant, vernis) disparaît sans attendre pour mettre en avant des notes de fruit noir mûr (cerise, mûre) enrobé de caramel et d’épices. Très sexy au nez, il poursuit au palais de manière plus civilisée avec certes, un fruité très présent, mais qui est tenu par une structure puissante et fraîche. La finale est digeste, sans excès, le tout a beaucoup d’élan et révèle un excellent rapport qualité-prix (7.00€). Merci pour cette découverte.
Pour finir Seb sème le trouble dans l’assemblée en nous proposant un vin issu des mêmes latitudes mais pas du même pays. Nous nous mettons à la recherche de ce Clos Capitoro 2009, Ajaccio et avons beaucoup de difficulté à en définir les origines… Il n’empêche que le corse fait très bonne figure au milieu des italiens : les baies noires, la cerise écrasée (très mûre) et le cassis sont rehaussés de framboise et de fumée. Ce n’est pas la première fois que nous dégustons cet assemblage de Sciacarellu et de Grenache (voir ici ma dernière note de ce vin l’année dernière lors d’une même soirée dédiée à l’Ile de Beauté) : il est cependant au niveau et à pleine maturité en ce moment. La bouche offre un ensemble friand, kirsché qui est dominé par le fruit noir (cerise noire, confiture de quetsche) avant de finir sur des notes de biscuit très fines ainsi que les épices. On pourrait soupçonner un léger excès d’alcool mais qui n’altère en rien la fraîcheur de la finale. Faites-vous plaisir dès maintenant avec ce vin qui est facilement accessible sur le continent et à un prix décent. En tous cas le pirate de la soirée nous aura bien eus !
Pour finir laissez-moi vous donner mes impressions à la fin de cette dégustation des plus sudistes. Les trois vins italiens dégustés ce soir ont chacun fait parler leurs terroirs et leurs cépages de la meilleure de manière : le Nero d’Avola gourmand et friand, le vin du Piémont dans un registre très puissant et taillée pour la garde, enfin le Manzoni Bianco fut une réelle révélation pour nous tous d’autant qu’il est issu d’un croisement entre deux cépages que nous connaissons très bien ! Je n’ai jamais vraiment été un grand fan des vins italiens car je les trouvais relativement difficiles à comprendre et plutôt alcooleux après quelques verres. Je dois dire que mes dégustations récentes m’ont fait mentir : il est clair que les vins de ce soir ont été flatteurs, riches et gras, mais ont révélés leur caractère et une vraie identité.
Merci à Paola et à Benoit pour leur accueil et à très bientôt pour la prochaine Soirée 20!
In vino veritas