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« Soirée 20 » chez Yannick

Par 25 décembre 2010avril 21st, 2013Non classé

Yannick est connu pour son imagination, c’est pourquoi il vient de créer les « Soirées 20 » au cours desquelles nous nous retrouvons pour déguster des vins de tous horizons et sans rituel, à l’aveugle et avec des encas simples et rapides à concocter. Pour cette première proche de Noël plusieurs vins décrochent la timbale : Château Les Tours des Verdots 2006, Bergerac blanc ; Pommard 1er Cru Les Epenots 2002, Domaine Mussy ; Gewurztraminer SGN 1997, Pierre-Henri Ginglinger ; Montila Moriles Don PX Reserva 1979, Bodegas Toro Albala.


En ce jour de Noël, laissez-moi revenir sur notre belle dégustation de lundi dernier 20 décembre à 20h pour une « Soirée 20 » ! Le jeu de mots est certes très facile (cf. l’imagination débordante de son concepteur…) mais il est vrai que ce genre de rencontre conviviale et amicale nous réchauffe le coeur en ces rudes mois d’hiver. Tous les invités à cette soirée sont (plus ou moins) à l’heure. Les membres fondateurs d’IVV (Yannick, Seb et moi) plus un invité de choix (mon cher Lio) composent cette dégustation pour laquelle notre hôte a préparé quelques tapas et Lio a concocté un plateau de fromages.

Quoi de mieux que ce superbe Château Les Tours des Verdots 2006, Bergerac blanc pour démarrer cette soirée placée sous le signe de la découverte. Cela faisait longtemps que je désirais ouvrir cette bouteille que mon pote Fabrice m’avait offerte et cette rencontre entre amateurs est rêvée pour la déboucher. Le nez est d’une grande complexité : coing, poire, groseille à maquereau, fruits exotiques (litchi, goyave), évolution sur la noix fraîche et les herbes fraîches. L’attaque est grasse avec du volume. Le tout est chaleureux sur un fond boisé avec un caractère exotique (physallis, badiane, vanille), de pêche surmûrie et d’épices de Noël. L’évolution est plus herbacée (Sauvignon blanc), la Muscadelle apporte cette complexité et cet exotisme. La finale est chaleureuse avec une minéralité très grasse sur l’alcool de poire. Seb dit juste quand il s’exclame « il y a tout un bordel là-dedans ! » Ce vin est l’aboutissement d’une grand travail de vinification et d’assemblage réalisé de main d’expert par David Fourtout. A boire maintenant, excellent.
Au moment où je rédige ces lignes, c’est-à-dire plus de 5 jours après l’ouverture de la bouteille, je prends encore un certain plaisir à sentir des notes fruitées subtiles de poire, de groseille à maquereau, à goûter à un vin plus assagi qu’à l’origine mais avec un équilibre toujours aussi exact et une finale volumineuse et profonde aux notes salines et de fruit blanc (évolution sur les herbes et la ronce). C’est vraiment un superbe vin blanc qui aura ravi toute l’assemblée. IVV : 90/100.

Le plateau de fromages est agrémenté par un Pommard 1er Cru Les Epenots 2002 du Domaine Mussy que Lio m’avait déjà présenté il y a deux ans (voir par ailleurs). Il est issu d’un des plus grands terroirs du village de Pommard (qui ne compte toujours pas de Grand Cru dans ses rangs) et vinifié par un couple de trentenaires ayant repris l’exploitation familiale. En résulte un Pommard de terroir avec son nez typique de cerise griotte, de cuir, de cendre, de sciure de bois, de bois sauvage avec une belle touche fraiche apportée par le menthol et le zeste d’agrumes. L’attaque est fraîche avant que le réel potentiel de ce vin sauvage et viril ne vienne au premier plan. Une belle trame fraiche se dégage et se prolonge dans une finale chaleureuse. Sauvage et sanguin d’un côté, il procure une émotion grâce à une extrême finesse et une belle minéralité. Ce Seigneur de Bourgogne joue la carte de l’harmonie grâce à un équilibre magistral digne de ce grand millésime 2002. Excellent ! IVV : 92/100.

Le vin suivant est tout simplement une bombe, un grand vin d’Alsace. Yannick nous a servi ce Gewurztraminer SGN 1997, Pierre-Henri Ginglinger avec beaucoup d’attente. Mais honnêtement je ne pensais pas qu’il puisse atteindre un tel niveau de qualité. Ne serait-ce que le nez vous envoûte de par sa complexité et sa profondeur minérale. Caramel, fruit jaune confit (pêche, brugnon, mirabelle et évolution sur le fruit rouge), miel de fleurs et compote de pommes ne représentent qu’un aperçu de la palette aromatique de ce liquoreux d’Alsace. Car à l’aveugle, tout le monde se retrouve sur un Alsace (et n’y voyez aucun chauvinisme !) La bouche est aérienne grâce à un équilibre grandiose entre sucre et minéralité. On y retrouve une texture légère, aucune lourdeur et tous les arômes du nez. Après une quinzaine d’années en bouteille, ce vin est abouti et est un exemple (s’il en fallait) que les grands vins d’Alsace sont faits pour défier le temps. A vrai dire il est à pleine maturité, sa finale est profonde, avec un accent particulier sur la compote de pommes. Il glisse sur le palais sans ivresse et sans lourdeur. C’est tout simplement superbe, surtout sur le Bleu d’Auvergne ! IVV : 94/100.

Mais il en est un autre vin qui est encore meilleur sur le Bleu d’Auvergne. Si l’on peut le qualifier de vin puisqu’il s’agit véritablement d’une huile de moteur ! En effet ce Montila Moriles Don PX Reserva 1979 des Bodegas Toro Albala déroute de par son aspect épais et huileux, sa couleur acajou/sépia et son disque jaunâtre opaque qui le rapproche effectivement plus d’un dérivé pétrolé que d’un vin issu à 100% du cépage Pedro Jimenez. Toujours est-il que son nez riche mêlé de café, de pruneau, de sucre candy, d’acacia, de miel chauffé, de caramel, de cola cache une fraîcheur sous-jacente (menthol). D’ailleurs l’attaque est fraiche avant que le palais ne gagne en volume. Un volume incroyable puisque ce bonbon aromatisé au café et au cola affiche un niveau de sucre résiduel assez important tout en affichant 17% d’alcool sur la balance. La finale est chaleureuse à l’amertume du cacao, au caramel et au chocolat noir chaud. Je vous parlais de l’accord que cet Objet Vinique Non Identifié procurait sur le Bleu d’Auvergne. Il vous suffit de fermer les yeux et d’imaginer le côté salé et fondant du fromage entrant en opposition à la dimension caramélisée de ce Don PX : tout simplement énorme ! IVV : 91/100.
Pour nos lecteurs fidèles vous retrouverez un post émouvant sur la dégustation de ce Don PX 1979 et de son grand frère de 1945 ici. Ce ne sont pas des vins de tous les jours mais chaque amateur de vin doit au moins une fois goûter un grand Pedro Jimenez une fois dans sa vie.

Messieurs, quelle soirée ! Quelle entrée en matière pour cette « Soirée 20″ initiée par notre ami Yannick à la veille des fêtes de fin d’année, et qui trouvera son prochain chapitre le 20 janvier 2011 chez Seb. Nous vous raconterons…

Joyeux Noël sur www.in-vino-veritas.fr !
Thomas