Il suffit d’un moment de convivialité pour offrir des bonnes bouteilles. Lors d’un passage chez Odile et Christian pour dire bonjour et récupérer quelques uns de mes derniers arrivages, nous nous envoyons du lourd : Chevalier-Montrachet Grand Cru 2003, Domaine Leflaive ; Château Moncontour 1990, Vouvray moelleux. La vie est dure…
L’apéro sera rapide mais Extrême…ment rafraichissant avec le Vin de Table de France « Extrême blanc » 2010 de la cave de Montpeyroux. Un vin de fruit, facile mais presque glacé. Or pâle aux reflets verts, ce vin aux notes de fleurs et d’agrumes (citron vert, pamplemousse) fait la part belle au Sauvignon blanc. Vif et rafraichissant en bouche, il se distingue par son acidité vive et des notes évidentes d’agrumes et de fougère. Très agréable en apéritif, c’est une bouteille à boire sans attendre pour tous ceux qui recherchent un vin accessible, frais et sans détours.
Ma tante sort de la cuisine le sourire aux lèvres avec un dos de cabillaud poivré au citron, nouilles aux herbes. Fervente d’autodérision, elle préfère nommer son chef d’Å“uvre bouillie de cabillaud et purée de nouilles en référence aux excès de cuisson occasionnés par mon retard… Personnellement je suis tout à fait satisfait de ce beau plat qui le privilège de partager la scène avec un Chevalier-Montrachet Grand Cru 2003 du Domaine Leflaive. Sa couleur or intense et brillante invite à la dégustation tout comme ses jambes grasses et nombreuses. Son nez est d’une intensité presque décadente mais reste terriblement attirant : des arômes d’huiles végétales, de noisette, de pain grillé et d’herbes grillées témoignent d’une maturité extrême mais toujours maîtrisée. L’évolution se fait lentement sur des notes de citron, le terroir ne ressort pas vraiment car il est sans réponse face à la force et la chaleur des arômes. L’attaque en bouche est veloutée, la matière est là où on l’attend, la trame du vin alternant des arômes d’alcool de poire, de crème anglaise et de coco à une puissance remarquable. On retrouve immédiatement le côté atypique de 2003, ce millésime extrême que la Bourgogne n’avait plus connu depuis 120 ans ! Ce Chevalier-Montrachet est d’une puissance manifeste, il est peut-être le vin blanc sec le plus riche qu’il m’ait été donné de goûter ! La fin de bouche se caractérise par une fine amertume, une rétro-olfaction sur la poire, la groseille à maquereau et la noix fraîche. C’est un vin baroque, avec une prestance et une richesse hors normes. Un Seigneur bourguignon qui a su tirer le maximum de ce millésime si particulier et ce, sans tomber dans l’excès. Il fut parfait sur le poisson et cette sauce à la crème. Merci beaucoup Christian !
Alors que certains se délectent avec les aventures du mentaliste, l’amant du mercredi soir de ces dames, nous parlons du dernier cours de dégustation auquel Christian a participé à l’Université Populaire de Mulhouse. Le thème fut l’association des vins et fromages de France : d’ailleurs je suis heureux de constater que mon oncle suit la bonne démarche qui consiste à accompagner la grande majorité des fromages avec des vins blancs. Preuve en est ce soir avec un fond de bouteille de l’excellent Château Moncontour 1990, Vouvray moelleux. Un vin totalement inconnu au bataillon même si j’ai pu identifier l’appellation et le millésime à l’aveugle. Après plusieurs jours d’ouverture ce vin couleur or intense arbore un nez toujours réduit (roquefort) puis de noix, de pâte de fruits, de thé noir, de pomme cuite avec un accent certain sur le miel. Rustique et complexe, il glisse en bouche après une attaque minérale et libère une nouvelle fois des notes de miel, de chocolat blanc, de noix, de caramel et de pain d’épices. Le terroir calcaire ressort tout comme la trempe d’un grand millésime ancien. Quand on pense que ce vin est ouvert depuis 3 jours, a été carafé puis remis en bouteille, on n’a une idée du potentiel de vieillissement de ces grands Chenins. La finale est longue, tranchante et vive. L’accompagnement est original sur le fromage de Brebis (dont j’ai oublié le nom…) et divin sur le dessert, des pommes au four.
Encore une fois, un dîner presque parfait ! Merci Odile, merci Christian ! Comme toujours je prends beaucoup de plaisir à descendre en ville et vous rendre visite. Je me demande si nous pourrons faire mieux la prochaine fois. Enfin pour cela, je vous fais confiance.
In vino veritas