Encore une réunion de comité studieuse pour les Avinturiers autour de quelques bouteilles de vignerons découverts au cours de ces derniers mois mais aussi et surtout pour préparer l’avenir avec encore une fois un beau programme : Vin Mousseux brut « La Flûte Enchantée », Vignoble Guillaume ; Champagne « Les Marquises » 2008, Vignon Père & Fils ; Côtes de Provence « Two B » 2011, Domaine de la Bastide Blanche ; Côtes du Jura « Les Chalasses Vieilles Vignes » 2011, Domaine Ganevat ; Pouilly-Fumé « Silex » 2004, Didier Dagueneau ; Beaune 1er Cru Champs-Pimonts 2003, Loïs Dufouleur ; Vin de Table de France 2005, Terre Inconnue ; Hermitage « La Chapelle » 2001, Jaboulet ; Cornas « Reynard » 2011, Thierry Allemand ; Côtes du Rhône « Bousquet des Garrigues » 1999, Clos du Caillou ; Gewurztraminer Grand Cru Zinnkoepflé SGN 2000, Eric Rominger.
La fin de l’année approche et il est temps de préparer les prochains rendez-vous pour le comité des Avinturiers. Mine de rien, cela fait plus de deux ans que nous parcourons les vignobles de France et d’ailleurs pour dénicher de nouvelles pépites ou encore nous délecter des meilleurs vins de nos appellations. Jean-Louis Trapet, Raymond Paccot, Alain Graillot, Thierry Germain ou encore Les Dolomies, Emile Beyer ou Guillemot-Michel, la liste s’allonge chaque mois un peu plus ! C’est avec plaisir que nous nous retrouvons chez Jean-Michel, notre trésorier pour fixer les prochaines échéances.
Nous concluons l’apéro avec le Côtes de Provence « Two B » 2011 du Domaine de la Bastide Blanche qui fleure bon la Méditerranée et pour cause, cet assemblage de Rolle (60%) et de Sémillon (40%) nous vient tout droit de la Croix-Valmer sur la presque-île de Saint-Tropez… Son nez aux tons boisés (20% d’élevage en barriques) s’ouvre aussi sur les fleurs blanches, de poire et de coco. Bouche grasse en attaque mais dotée d’une fraîcheur mentholée presque glacée en finale. Des touches de fenouil, d’anis et d’agrumes ajoutent à ce sentiment estival, je me vois bien siroter ce vin sympathique au beach club !
Les vins rouges ne sont pas en reste qui plus est sur un filet de canard préparé par notre hôte. Nous commençons cette série par un Beaune 1er Cru Champs-Pimonts 2003 de Loïs Dufouleur. Sa robe évoluée précède un nez fin et mûr qui dévoile déjà un côté animal (cuir, bouillon de boeuf) mais aussi des arômes fruités mûrs ainsi que la réglisse. La bouche concentrée mais fraîche met au jour des notes de tabac, de fruit à noyau et de réglisse. Les tannins sont résolus mais bien intégrés : nous sommes en présence d’un Pinot Noir fin, infusé mais au fond concentré, qui nous procure un joli plaisir car son équilibre est vraiment bien trouvé. Après la révélation du Savigny-lès-Beaune Les Planchots 2003 du même domaine (voir ici) ce Beaune de classe est une nouvelle surprise sur ce millésime qui a très bien réussi à Loïs Dufouleur !
En intermède Jean-Michel nous sert un vin mystère qui est en fait un Vin de Table de France 2005 de Terre Inconnue, un autre domaine que nous avons eu le plaisir d’accueillir à la table des Avinturiers (voir par ailleurs). La générosité de Robert Creus n’ayant pas de limites, il nous avait envoyé un carton avec de multiples bouteilles issues de vieux millésimes. Ce 2005 s’ouvre sur un nez aérien de kirsch, de pruneau avec un fond boisé. La bouche fine, minérale et légèrement perlante apparaît comme légèrement déstructurée et malgré une note réglissée sapide en finale, l’ensemble est d’une puissance indécente, même après 10 ans de vieillissement ! Il a du fond mais il est entêtant, dommage…
Face à lui une autre cuvée mythique de Vallée du Rhône avec le Cornas « Reynard » 2011 de Thierry Allemand. Issu d’un éperon granitique très escarpé et en surplomb du village, ce climat produit souvent la quintessence des vins de l’appellation. Thierry Allemand est un des producteurs historiques de ce cru, conduit son vignoble en biodynamie depuis toujours et travaille dans la pure tradition cornassienne avec des fermentations en vendange entière. Quoi qu’encore jeune il nous enchante d’ores et déjà par la grâce de sa robe grenat opaque et ses larmes qui inondent les parois du verre. La bouche est marquée par le fût, les tannins sont encore un peu serrés mais toujours incroyablement frais. Jeunesse oblige, il est encore très expressif et puissant mais sa finesse se révèlera sans doute au vieillissement. Quand la rusticité rencontre la finesse, c’est tout ça le secret des grands Cornas !
Nous terminons cette série avec le Côtes du Rhône blanc « Bousquet des Garrigues » 1999 du Clos du Caillou. Vous connaissez peut-être la particularité du Clos du Caillou, propriété historique de Châteauneuf-du-Pape mais dont certaines parcelles ont étonnamment été écartées du classement AOC de 1919… Sur un plateau de fromages ce vin se révèle au grand jour et fait un beau pied de nez à ses détracteurs avec sa robe or soutenue et brillante. Son nez patiné de miel, de poire n’est aucunement oxydée malgré plus de 15 de garde ! La bouche nous envoûte grâce à une touche onctueuse de vanille. La patine est gracieuse et veloutée, malheureusement le tout gagne en amertume avec le réchauffement dans le verre. Néanmoins ce vin m’a donné beaucoup de plaisir.
En hommage à notre ami Eric Rominger, Jean-Michel nous propose de terminer en apothéose avec un Gewurztraminer Grand Cru Zinnkoepflé 2000 SGN du Domaine Rominger. « Un de ses vins préférés » dit Jean-Michel qui ne nous sert aujourd’hui que « la 1ère trie » car il y a bel et bien eu deux passages dans les vignes du Grand Cru cette année-là… En attendant l’élixir, nous nous délectons de ce nectar à la fraîcheur démentielle pour un vin d’une telle concentration ! Le nez est complexe, fait de jus de raisin frais, de miel de fleurs, de salade de fruit frais avec des arômes de nectarine et de mirabelle. Rien n’est cuit, surfait ou trop mûr ! Ce jus aérien et frais souffle véritablement le sucre résiduel : l’ananas et les épices viennent ensuite, l’acidité est tranchante. Nous sommes tous en admiration, bluffés par la perfection et la légèreté de ce vin d’exception ! Un hommage, une consécration pour ce vinificateur hors-pair, chapeau bas Monsieur Rominger.
In vino veritas