Le mois d’octobre est souvent synonyme de foires aux vins et par conséquent de beaucoup d’efforts pour tous les amateurs ! Voici un petit résumé des meilleures trouvailles que j’ai pu faire au cours des dernières dégustations : le Clos des Jarres, Minervois ; Jura Vin de Paille 2004, Domaine de Montbourgeau ; Vin de Pays des Côtes Catalanes « Fleur de Cailloux » 2010, Jean-Philippe Padié ; Almaviva 2009, Chili ; Standish « The Relic » 2006, Barossa Valley, Australie ; Château Sociando-Mallet 2009, Cru Bourgeois de Haut-Médoc ; Château Beauséjour-Bécot 2009, Premier Grand Cru Classé de Saint-Emilion. J’en passe et des meilleurs…
Que ce soit dans la grande distribution ou chez les cavistes, les foires aux vins battent leur plein en cette saison. Et il est vrai qu’avec mes accolytes, nous n’avons pas chômé. A ce titre, il y aura encore quelques échéances tardives dont je vous reparlerai très bientôt…
En attendant nous avons participé récemment aux Bains de Jouvence organisés par le Clos 3/4 et la FCVF. Nous sommes partis à la rencontre de plusieurs vignerons de qualité qui ont représenté avec brio leur région respective. Parmi eux le jeune Vivien Hemelsdael nous présente ces trois vins du Clos des Jarres, petite propriété du Minervois qui m’a vraiment bluffé. Ce vigneron de talent n’en est qu’à son deuxième millésime mais franchement le travail réalisé vaut le détour. Parlons tout d’abord de son vin blanc, le Côtes de Peyriac « L’Estrangièr » 2011, un vin issu à 100% de Sauvignon blanc sur un sol calcaire très peu profond. Le vin étonne de par son registre aromatique très original et une rondeur plutôt inattendue sur ce cépage. Sa maturité est étonnante tout comme sa minéralité en fin de bouche qui en fera un accord idéal sur un carpaccio de poisson par exemple. Un coup de coeur ! Ses deux Minervois 2011, Abrensis et Envie conjugent un fruité intense avec une structure et une minéralité rares. La différence entre ces deux est l’encépagement, le premier étant composé pour 40% de Grenache, 40% de Syrah et 20% de Carignan, alors que le deuxième fait la part belle au Carignan (40%). Vivien Hemelsdael officie aujourd’hui en bio sur un domaine de 10ha acheté par ses parents. La plupart des raisins est encore cédée à la coopérative mais espérons que ce jeune talent puisse encore développer sa production personnelle. Car ces bouteilles trouveront à coup sûr preneur…
Un autre producteur plus connu du Roussillon, Jean-Philippe Padié, nous aura aussi séduit avec ses vins blancs. Le VDP des Côtes Catalanes blanc « Fleur de Cailloux » 2010 est issu de Grenache blanc, de Grenache gris et 20% de Maccabeu qui ont grandi pour la plupart sur des sols marno-calcaires. En résulte un vin au nez frais et minéral avec des notes fleuries et finement végétales. La bouche est d’un grande fraîcheur avec belles nuances de fruité et de minéral et une note saline. Il offre une complexité vraiment étonnante tout comme le VDP des Côtes Catalanes blanc « Milouise » 2010. Composé à 50% de Grenache blanc et à 50% de Grenache gris, ce vin est élevé en demi-muids pendant un an. Plus rond, plus généreux après son élevage (avec des beaux amers en finale), ce vin est tout aussi réussi et ira à merveille sur des viandes blanches.
Pour en finir avec cette session, laissez-moi vous parler aussi du Jura Vin de Paille 2004 du Domaine de Montbourgeau. Il s’agit d’un vin liquoreux qui ravira tous les amateurs du genre car il offre une superbe liqueur complexe et généreuse, sur des notes de fruits cuits, de mandarine ainsi que des nuances miellées, de coing et de pain d’épices. La fin de bouche tranche avec la suavité du palais et rend le tout très digeste, malgré plus de 100g/l de sucre résiduel. Un vin de plaisir à boire pour lui-même ou pourquoi pas sur un cigare…
Deuxième volet de ce commentaire, la belle dégustation organisée par le distributeur suisse Coop dans le majestueux Schützenhaus à Bâle. Je vous avais déjà parlé de cet environnement très cossu lors des années précédentes. Cette fois-ci j’ai choisi de rendre compte de mes principaux coups de coeur car écrire un résumé de tous les vins dégustés aurait pris quelques mois… Tout d’abord un petit blanc suisse m’a fait les yeux doux : il s’agit du Chardonnay « Eisenhalde » 2011 de la cave GVS Schachenmann, Schaffhausen. Il s’agit d’un vin de cépage friand, sur la mangue et le fruit exotique. Son équilibre et sa souplesse en font un vin de plaisir immédiat, à l’apéro ou sur un viande blanche. Un autre vin blanc m’a particluièrement séduit : le Grüner Veltliner Smaragd Terrassen 2010 du Domaine Wachau, Autriche. Tous les gens qui me connaissent savent que je suis un grand fan des vins autrichiens et particulièrment de ce cépage endémique qui produit des vins droits, complexes et longs. Certains d’entre eux ont le privilège de porter la mention Smaragd, un « Grand Cru » local qui caractérise les vins de cette région qui mûrissent souvent très tardivement aux confins des méandres du Danube et qui ont un degré d’alcool acquis supérieur à 12.5%. Bref, sachez que cette très belle affaire (13.50€ au domaine) diffuse des arômes nets et intenses de fruits exotiques avec une touche poivrée. La puissance ressort au palais avec à nouveau des notes pures de fruits exotiques, d’épices et d’herbes aromatiques. C’est tout simplement un superbe vin avec une finale longue et fraîche, qui gagnera à vieillir plusieurs années encore.
Passons aux vins rouges avec deux vins de Bordeaux qui m’ont particulièrement séduits : Château Sociando-Mallet 2009, Cru Bourgeois de Haut-Médoc ; Château Beauséjour-Bécot 2009, Premier Grand Cru Classé de Saint-Emilion. Alignés dans deux séries différentes avec quelques autres célèbres domaines, il ont su tirer leur épingle du jeu et surpasser (parfois de peu) leurs concurrents comme par exemple le Château Barde-Haut 2009, Grand Cru Classé de Saint-Emilion (bien enrobé et exotique malgré un haut niveau d’alcool) ou encore Château Talbot 2009, 4è Grand Cru Classé de Saint-Julien (certes encore jeune et fougueux, avec une belle finale longue et sapide, même si il a moins de caractère)… En somme Sociando-Mallet est le grand Seigneur du Médoc de la soirée, c’est à mes yeux LA bouteille que tout amateur de Bordeaux se doit d’avoir dans sa cave ! Son nez est complet, encore rustique et poussiéreux. La bouche est déjà superbe, avec une grande assise et des tannins nombreux et excellents qui laissent présager une très belle garde. Superbe ! Dans un autre registre Beauséjour-Bécot 2009 nous séduit grâce à un nez subtil de café, de tabac, de bonbon ainsi qu’un fruité éclatant qui précède une bouche élégante et subtile avec une belle finesse de fruit. La puissance est présente mais déjà domptée par la matière de ce grand vin. Belle souplesse, belle longueur, bref, super !
Nous quittons nos frontières, direction les grands vins du Nouveau Monde. Il est vrai que ces vins ont du coffre et pas mal de degrés au compteur, il n’empêche qu’ils n’ont plus grand chose à envier à des Bordeaux 2009 que j’ai trouvé pour la plupart très alcooleux avec eux aussi des niveaux d’alcool acquis souvent supérieurs à 14%…
Mentionnons en passant les très belles prestations du Clos Mogador 2009, Priorat, un grand nom d’Espagne vinifié par René Barbier certes dans un style policé, propre et très moderne mais extrêmement bien fait (18 mois de barrique…). On sent beaucoup de technologie dans les coulisses mais force est de constater toute la beauté de ce vin complet avec déjà beaucoup de complexité, un superbe équilibre et une longue finale. Dans un style similaire le Clos Apalta 2007 de la Casa Lapostolle, Chili, issu à majorité de Carménère offre un ensemble très mûr avec une matière et une texture absolument superbes. Les arômes de figue mûre, de pruneau et de chocolat sont supportés par une grande fraîcheur et se prolongent dans une très belle finale. Prêt à boire maintenant, pour lui même…
Mais les deux plus beaux vins étrangers de cette dégustation furent sans conteste Almaviva 2009, Chili et Standish « The Relic » 2006, Barossa Valley, Australie. Commençons par le chilien, habitué des podiums et issu de la collaboration entre la Baronne Philippine de Rothschild et la Viña Concha y Toro. Composé pour majorité de Cabernet Sauvignon et de Carménère, il exhale des notes de poussière puis de mûre, de cassis, de fleurs (violette, rose) et de ronce. La bouche est sublime de texture grâce à des tannins veloutés rehaussés par des arômes de cassis et de vanille. Grande plénitude et finale juteuse. C’est un vin du Nouveau Monde, mais c’est assurément un Grand Vin ! Finissons avec la surprise du chef et ce vin autralien de la fameuse Barossa Valley appelé « The Relic » et produit par la maison Standish. Composé à 97% de Syrah et à 3% de Viognier sur un vignoble planté en 1912, les connaisseurs remaqueront la ressemblance avec les pratiques de Côte-Rôtie… Il n’empêche que ce vin séduit de par ces arômes très mûrs et complexes de fruits noirs, de cuir et d’épices. Souple au palais et doté d’un équilibre remarquable, il finit longuement et longoureusement pour nous combler de plaisir.
Ceci conclut ce compte-rendu plutôt international qui m’a permis une fois de plus de découvrir à quel point les vins étrangers ont du talent. Que les 100% français qui lisent cet article se dépêchent de voir ailleurs et il verront que j’ai raison !
In vino veritas