Lors de sa tournée d’automne, le marchand de vin Martel AG nous a offert une sélection de vins de tous horizons à l’Ackermannshof de Bâle. La sélection a fait la part belle à l’Italie (parmi lesquels les vins de Roccolo Grassi) avec quelques autres domaines européens, dont Trapet (Alsace), Schäfer-Fröhlich (Allemagne), Marie-Thérèse Chappaz (Valais) et Joseph Phelps (Californie).
Les foires aux vins se multiplient en ce mois de septembre, et pendant que certains se battent dans les grandes surfaces pour mettre la main sur des vins prestigieux à des prix bradés, d’autres prennent le temps de déguster des trouvailles d’autres régions. Cette sélection de 70 vins faite par l’importateur suisse Martel AG a donné la priorité aux vins d’Italie lors de sa tournée d’automne à l’Ackermannshof de Bâle. Mais elle a permis aussi à plusieurs domaines de présenter au public tous les vins de leur gamme…
Je m’empresse donc de sortir du bureau pour rejoindre des amis dans le complexe de l’Ackermannshof qui a été choisi par l’organisateur au détriment du Grand Hôtel Les Trois Rois (où nous avons la chance d’aller d’habitude). L’atmosphère plus froide des lieux n’altère en rien la qualité de l’assortiment présenté. Même si je ne suis pas un grand admirateur des vins italiens, je me laisse bien volontiers emporter.
Je débute avec les vins blancs. Après quelques déceptions je me trouve confronté avec le charme de l’Etnabianco 2012 de l’Azienda Agricola Cottanera. Cette cuvée issue de cépages locaux (avec le Carricante en majorité) a grandi sur les pentes de l’Etna, à plus de 700m d’altitude et a été élevée en cuve sur ses propres lies. En résulte un vin au nez profond, minéral et plutôt retenu. La bouche est sur le fruit blanc et l’ananas : doté d’un très bel équilibre minéral qui provient de son terroir si particulier, il est tenu par une acidité qui allonge le tout dans une finale longue et sapide qui fait la part belle au zeste de citron en réto-olfaction. C’est un vin du Sud plutôt sur la retenue et la distinction, ce qui assez rare pour un Sicilien ! La belle fraîcheur s’étoffe en finale pour terminer sur des notes complexes d’herbes et d’épices. Une très belle découverte !
L’autre belle découverte italienne provient de Vénétie, et plus particulièrement de l’Azienda Roccolo Grassi : La Broia 2011, Soave, est issu de ce domaine dont j’ai déjà longuement parlé sur ce blog. Ce blanc confirme la qualité des vins de cette propriété de 14ha créée en 1996. Ce vin a vieilli 10 mois sur lies et propose un nez suave et intense, qui jongle à la fois sur la minéralité et les notes de melon, de pêche blanche, puis de fleurs blanches. L’attaque grasse montre encore des traces d’élevage et prouve qu’il est apte à la garde. Il offre bien des nuances tantôt sur la matière tantôt sur la distinction du fruit. La finale complexe et longue se prolonge avec élégance sur les amandes grillées et le tabac blond. Ce vin témoigne à lui seul de tout le travail de qualité et la patte de ce vigneron de talent qu’est Marco Sartori.
D’autres vignerons ont proposé leurs vins, parmi lesquels Marie-Thérèse Chappaz, la star du Valais. C’est la première fois que j’ai eu la chance de déguster ses vins, comme le Fully Côteaux de Plamont 2012. Il est vrai que ses étiquettes ne figurent pas parmi les plus originales sur la Planète Vin, tout le contraire de ce Chasselas au nez très discret et profond qui gagne en complexité à l’aération. La bouche est très élégante avec un beau gras qui bascule dans une finale aux accents végétaux et zestés. La balance entre gras et acidité est mesurée et annonce un beau vin dans 3 à 5 ans. Je ne demande qu’à le regoûter sur un beau poisson d’eau douce en sauce…
Le domaine Schäfer-Fröhlich est une étoile montante de la Nahe, une petite région viticole qui serpente cet affluent du Rhin, qui compte d’autres domaines célèbres comme Dönnhof ou Schönleber par exemple. Je vous en avais déjà parlé précédemment sur ce blog. Cette fois-ci nous avons affaire au millésime 2011, un très beau millésime pour la région qui fut unaninement salué. Le Riesling Vom Vulkangestein 2011 nous donne un aperçu de la qualité de la gamme de ce producteur : très pénétrant au nez, il révèle des senteurs complexes de citron puis se révèle très très long et précis en bouche. Ce vin est d’ores et déjà accessible, son superbe équilibre et sa tension sont remarquables, la finale salivante ne donne que plus de classe à ce vin d’entrée de gamme que vous trouverez aux alentours de 12€. Le Bockenauer Riesling Vom Schiefergestein 2011 est issu du célèbre terroir du Felseneck à Bockenau et a grandi sur des sols d’ardoise qui lui procurent cette belle minéralité et cette complexité naissante au nez. La bouche se montre plus grasse avec plus de matière et plus de consistence. Il demande cependant une garde d’environ 3 à 5 ans pour montrer tout son incroyable potentiel. Ces deux vins proposés nous donnent un aperçu de toute la classe de ce domaine qui monte… Tout comme les prix…
L’autre maison dont avons goûté le blanc précédemment est l’Azienda Agricola Cottanera. Le Fatagione 2009, Sicilia, se distingue grâce à une belle fraîcheur en bouche ainsi qu’un éventail d’arômes assez large (fruit noir, épices, olives). Mais ne vous y trompez pas, vous aurez tout de même affaire à un vin puissant au palais qui s’assgit brillamment en finale grâce, justement, à cette fraîcheur qui lui vient de son terroir volcanique et sableux ainsi que des vents marins qui balayent cette île fascinante.
Et il y avait bien sûr, le Valpolicella Superiore 2010 de Roccolo Grassi, cette Azienda dont je vous avais fait l’apologie plus tôt dans ce commentaire mais aussi lors d’une dernière dégustation de ce caviste au Grand Hôtel Les Trois Rois (voir par ailleurs). J’avais dégusté son grand frère d’un an, le 2009, avec grand plaisir. Le plaisir de tester ce 2010 fut tout aussi grand car ne serait-ce que le nez vous démontre le style maison, celui de la finesse et de la classe. Marco Sartori est un grand connaisseur et amateur de la Bourgogne et plus particulièrement de la Romanée-Conti. Vous comprendrez donc que le nez de ce Valpolicella arbore une finesse de fruit et une profondeur que vous ne retrouverez nulle part ailleurs dans la région. En bouche l’extraction du fruit est maîtrisée : pas de maturité inutile et ces arômes cuits de pruneau, le fruit noir est enrobé de cacao et d’herbes séchées pour ensuite glisser dans une finale sans excès. Imaginez ce que ce vin pourrait donner sur une viande rouge saignante… Du plaisir à l’état pur !
En somme j’espère que ce commentaire vous a donné envie de vous balader par-delà nos frontières pour y découvrir les nombreux trésors cachés des vignobles du monde. Car l’Azienda Roccolo Grassi, Marie-Thérèse Chappaz, le Domaine Schäfer-Fröhlich ou encore les vignobles Joseph Phelps m’ont procuré beaucoup d’émotions, que je ne demande qu’à vous faire découvrir…
A bientôt sur in-vino-veritas.fr