Comme Lio fête son anniversaire, nous décidons de lui faire plaisir au Restaurant Cheval Blanc à Feldbach, avec une carte des menus renouvelée mais une cave à vins toujours de grande classe. Quoi de mieux qu’un grand Domaine du Vieux Télégraphe 2005, Châteauneuf-du-Pape rouge pour accompagner nos viandes grillées. Et quand Madame Ispa nous offre un Ron Zacapa Centenario « Etiqueta Negra » 23 ans pour terminer le repas, on se dit vraiment que l’on a la belle vie…
Pour fêter les 28 printemps de notre ami Lio nous avons réservé une table chez une des meilleures adresses de notre cher Sundgau, chez Ispa à Feldbach (Restaurant Au Cheval Blanc). Une adresse sans fausses notes mais sans grandes surprises non plus mais qui a une une superbe carte des vins (voir par ailleurs mon commentaire précédent de la dégustation de Château Talbot 1996 dans ce même cadre). Alors que le choix des plats n’a pris que quelques minutes, le choix du vin a suscité beaucoup de réflexion. Qu’accompagner avec des pièces de boeuf et d’agneau : Château Du Tertre 2001 ? Château Sociando-Mallet 1995 ? Côte-Rôtie La Turque de Guigal 1995 ? Allez, décidons !
Ce sera un Domaine du Vieux Télégraphe 2005, Châteauneuf-du-Pape rouge. Passées les premières craintes quant à la jeunesse de ce Châteauneuf de prestige, nous demandons par précaution de le carafer. Sa robe rubis profond aux nombreuses nuances est sombre sans être saturée ; le disque est gras tout comme ses nombreuses larmes d’éléphant. Son nez est d’une délicatesse discrète et exhale des notes de poivre blanc, d’herbes de Provence, de cuir et de fruits rouges croquants. Son fruité intense se décline progressivement sur les fleurs séchées, la griotte avec une dimension alcoolique extrêmement bien intégrée. L’attaque en bouche est franche et fraîche, puissante mais tout en dentelle. La trame minérale de ce vin est surprenante, si bien que l’on sent la fraîcheur des galets de ce terroir de la Crau nous titiller le palais. Son acidité sous-jacente en fait une vin d’une grande netteté avec un caractère digeste qui laisse suggérer une influence toute septentrionale. L’évolution dans le verre se fait sur le pruneau et le bois puis le charbon. Sa finale est d’une noblesse exceptionnelle tout en restant complexe et aucunement entêtante. Profond, fabuleusement pur et complexe en finale (pruneau, kirsch, zeste d’orange, tabac), ce Châteauneuf-du-Pape est exemplaire, surtout dans un millésime puissant comme 2005 ! Le superbe travail de la famille Brunier sur un terroir de la Crau en tous points essentiel à la production de ce modèle d’équilibre sont les ingrédients de ce Grand Châteauneuf-du-Pape. Grande émotion avec le filet de bÅ“uf et l’agneau. Mon meilleur Vieux Télégraphe. Love love love ! IVV : 95/100.
Mes deux compagnons de fortune sont tout aussi ravis que moi d’avoir choisi ce grand vin en accompagnement de nos plats de carnivores. Ce vin invite à la réflexion et à l’apaisement, par opposition aux nombreuses bombes body-buildées que l’on retrouve dans cette région. Le terroir joue ici un rôle prépondérant et nous transmet toute sa sagesse. Même Madame Ispa qui avoue ne pas être une fan de ce Domaine, nous a exprimé toute son admiration pour ce millésime 2005 étonnant de fraîcheur et de netteté. Cette dégustation a même attisé sa curiosité de le regoûter dans quelques années ou aujourd’hui en demi-bouteille. Quoi qu’il en soit ce Grand Vin entre dans lentement dans sa plage de maturité et restera à son optimum jusque 2025 voire 2030.
Pour finir, et nous remercier de lui avoir fait goûter à ce Seigneur de Châteauneuf-du-Pape, la propriétaire des lieux nous propose « un vieux Rhum ». Quelle joie pour moi de la voir arriver avec le Rhum ultime à savoir le Ron Zacapa Centenario « Etiqueta Negra » 23 ans. Je me rappelle aux bons souvenirs de ma dernière dégustation de ce grand digestif en clôture d’un repas décadent chez Fabrice (voir ici). Cette fois-ci j’ai été subjugué par sa couleur acajou légère et claire. Son nez explose de notes d’orange, de cannelle, d’épices de Noël, de banane flambée, de sucre roux et de pomme au four, si bien que Lio hume de loin toute la complexité de ce Rhum. Sa bouche nous laisse pantois en raison de sa puissance, de son intensité et de sa longueur. Elle s’ouvre étonnamment sur la framboise, la cannelle, la vanille et se prolonge harmonieusement sur une déclinaison de miel chaleureuse. Son harmonie et sa complexité en font un grand Rhum qui nous fait voyager dans les champs de canne à sucre de son pays d’origine, le Guatemala.
Ce grand repas touche à sa fin et c’est avec tristesse que nous laissons partir Lionel pour qu’il puisse à nouveau travailler sur ses nombreux dossiers. Quant à Yan et moi, nous repartons dans nos contrées sundgauviennes pour rejoindre un autre spectacle tout aussi haletant, les deux demi-finales du tableau masculin de Roland Garros…
Merci à vous les amis !
In vino veritas