Ce 2 novembre 2007 a marqué une belle étape dans nos aventures à la recherche des belles bouteilles. Avec deux nouveaux invités connaisseurs, l’adjectif étant très modeste, et à la cave sévèrement équipée, nous avons profité d’une belle leçon d’Å“nologie. 6 bouteilles d’exception ont garnie notre table : Clos Blanc de Vougeot 1er cru 1999, Monopole du Domaine de la Vougeraie, Hermitage le Méal 1997 de chez Chapoutier, Cornas 2004 de Auguste Clape, Gevrey-Chambertin Coeur de Roy 2001 de chez Dugat-Py, Saint-Emilion Grand Cru Chateau L’Angelus 1983, puis pour le dessert un Château Climens 1997, 1er cru de Barsac, et quelques bulles de chez Taittinger.
Exceptionnellement nous avons démarré à une heure normale… pas d’after ping ce soir. Pour commencer avec notre petite salade de mâche agrémentée d’éclats de noix et de petits morceaux de foie gras, nous avons commencé avec ce Clos Vougeot 1er cru 1999, Monopole du Domaine de la Vougeraie. Au nez j’y ai d’abord trouvé des notes minérales (réminiscences de souvenirs d’un déplacement en Touraine avec Fred Muller qui a commencé mon initiation au blanc), puis Fabrice nous a révélé les odeurs briochées révélatrices d’un Bourgogne. Ce Clos Vougeot était frais, et évolue rapidement dans le verre vers à nouveau du minéral et fumé. Il a aussi l’air de devenir de plus en plus fin avec les minutes qui s’égrainent…
Pour finir notre salade et les restes de foie gras arrive un autre blanc en carafe, avec des couleurs nettement plus ambrées et dorées que le précédent. Attention, cet Hermitage le Méal de Chapoutier 1997 ne ressemblait à rien que j’ai pu goûter avant. Un nez entêtant et très puissant. Il provoque des sensations inconnues (pour moi en tout cas). Un bouquet stratosphérique de fruits et de fleurs, croisé avec une boutique à bonbons et un souk aux épices. Je me demande si Novartis ou Rhône Poulenc n’aurait pas pu réaliser quelque chose dans le genre. Bref un OVNI très surprenant… je sais il y a comme une répétition dans cette phrase, mais ça me parle quand je pense à ce vin. A la bouche, après ce nez inattendu et surpuissant, on s’attendrait presque à une explosion, à plus,… plus de quoi je ne saurais dire. Et finalement on est ce le Méal nous surprend par sa retenue relative, et nous impressionne par sa complexité et sa subtilité. Thomas vous racontera le reste.
Nous arrivons après moult palabres à propos de ce Méal au plat principal. Un premier rouge arrive dans sa carafe. Il est très foncé. Une encre de chine aux reflets violacés. Très joli. Il chante le refrain « je viens du Sud… »
Le nez est intéressant et énigmatique. Il a l’air pur… on nous dit que c’est un monocépage assez rare. Pas le cépage, mais la bouteille ! Encore une fois Fabrice nous guide. Il y a beaucoup de fruits rouges, voire plus foncés, il accroche la bouche et se prolonge en finesse. Il a très bon caractère, de la personnalité, certainement féminin, il aime la vie en société et son élégance parle à tous. C’est un vin exceptionnel. Au fait il s’agit d’un Cornas 2004 de chez Auguste Clape. Un nom que je ne connaissais pas… eh oui c’est pas le dernier. C’est un vin qui se suffit à lui-même. Pas la peine d’aller chercher des plats élaborés et raffinés pour le révéler (Même si la cuisine est comme d’habitude à la hauteur). Profitez-en avant que sa cote n’atteigne des sommets.
Le 2e rouge arrive également en carafe (il a décidément une belle collection de carafes à vin notre Thomas, vive les marchés aux puces !!) et se trouve être tout aussi sombre. Un Gevrey-Chambertin Coeur de Roy 2001 du prestigieux Bernard Dugat-Py. Celui-là a du caractère. Et c’est un euphémisme. Une bête fauve de la forêt sundgauvienne (ça existe encore dans certaines mythologies). C’est encore un Bourgogne qui étonne par sa rusticité. On me dit qu’en bouche on identifie assez facilement le pinot noir, et je me demande combien de futures dégustations pour arriver moi-même à ces conclusions. Notre Gevrey-Chambertin au nom policé nous dévoile sa puissance et sa matière. Ils ont peut-être oublié des morceaux de raisin là-dedans ?
Nous n’avons plus que quelques morceaux de pain pour terminer la série de rouge. Maman Bilger a déjà tout rangé ! Ouais chez les Bilger c’est rangé. Une espèce d’ordre helvétique qui me sied bien.
Le troisième rouge est un Saint Emilion. Mais pas n’importe lequel: Chateau Angelus 1983, 1er Grand Cru classé B. Cette fois-ci pas de carafe. Il est débouché à grand peine sur le vif. Dans le verre il nous dévoile ses teintes brunes révélatrices de ses 24 années. Nous retrouvons du boisé que je trouve mélangé avec du caoutchouc (j’avais parlé de pneu lors de la dégustation, mais ça fait moins bien). Très bon, il s’est joliment arrondi au fil des années (forcément, dans une bouteille on tourne en rond) et est devenu assez flatteur. Il s’accommode très bien avec le fromage de chez Antony. Il marque par sa douceur et sa rondeur. Vraiment sympa !
Puis arrive le dessert. Je m’attendais donc à un blanc liquoreux et hopla geiss le voilà. Chateau Climens 1997. Un beau petit Barsac. Les vins de ce genre ne sont pas ma tasse de thé, mais celui-là a une certaine retenue qui me plaît. Il est équilibré et son sucre reste humble devant sa finesse. Il y a vraiment du fruit, comme des abricots séchés et aussi quelques amandes décortiquées.
Pour les amateurs de bulles il y avait aussi du champagne. Taittinger s’est invité à notre table vers 1h, mais là je passe mon tour… sauf pour humer le beau bouchon. C’est pas grave il y en avait une autre en réserve.
Fr’tami une sacrée soirée.