La première Soirée 20 de cette nouvelle saison fait part belle à nos souvenirs de vacances. Chez Lio nous avons profité de la dernière belle soirée d’été pour faire le tour de la Corse et de ses excellents vins : Corse « Terra Nostra Ancestrale » 2012, Vignerons Corsicans ; Patrimonio 2005, Domaine Orenga de Gaffory ; Clos Capitoro 2009, Ajaccio ; Clos Fornelli « La Robe d’Ange » 2009, Corse ; Clos Cornelli 2012, Figari.
A notre grand malheur les vacances viennent de se terminer. Pour notre plus grand bonheur les Soirées 20 peuvent recommencer ! Avec Lio nous avons proposé une Soirée qui flaire bon les vacances et qui, pour ma part, rappellent de superbes moments vécus cet été.
La Corse est une île magnifique, avec des vins qui gagnent à être plus connus même si les Corses ont jalousement su garder les secrets de ses cépages endémiques et de ses multiples terroirs à la fois granitique, argileux ou graveleux. Tous les participants à la soirée ont joué le jeu : alors que notre hôte du soir n’a trouvé de vin corse qu’à la dernière minute sur les étagères d’une grande enseigne, nous avons pu profiter de son Corse « Terra Nostra Ancestrale » 2012 des Vignerons Corsicans en accompagnement d’un saucisson local. Il s’agit d’une cave coopérative de Borgo, près de Bastia, également appelée UVAL (Union des Vignerons Associés du Levant). Malgré les rendements de cave coopérative, la sélection parcellaire et les vendanges manuelles sont de mise. C’est un vin très frais, aux notes printanières (baies, groseille à maquereau, herbe coupée) avec une évolution sur le fruit blanc. L’attaque dévoile un bon volume de bouche avec une touche insistante de framboise. La finale est plutôt rafraîchissante grâce à une belle acidité. Il s’agit d’un vin simple, de soif plutôt bien fait, fait à 100% de Vermentinu (à ne pas confondre avec le Vermentino bien sûr)…
Après cette entrée en matière simple et conviviale, nous passons aux choses sérieuses avec deux côtes de boeuf marinées qui n’attendent qu’à être subtilement grillées sur le barbecue de la terrasse. Quelle belle soirée d’été ! Le vin rouge est mise avec cet accompagnement. C’est alors que Yannick débouche le Patrimonio 2005 du Domaine Orenga de Gaffory. Cette adresse du Nord de l’île possède pour 60ha de parcelles morcelées sur des sols à dominante argilo-calcaire. Composé à majorité du cépage local, le Nielluciu, il se présente avec une robe grenat soutenu. Son nez assez fin de prime abord évolue sur des notes viandées et sauvages, sur un fond ferreux qui caractérise ce cépage très caractériel. A l’aération le fruit noir est plus présent avec des notes d’olives et de réglisse. L’attaque en bouche est discrète avant de déployer au palais un ensemble de belle tenue, tout d’abord sur des notes de fruit mûr puis avec une évolution sur le pruneau, la terre mouillée et le fer. On retrouve des tannins rustiques mais mûrs puis une pointe d’eucalyptus qui déclenche une finale sapide. Il s’agit d’un vin original, déjà bien évolué, qui accompagne idéalement la côte de boeuf grillée ; il lui manque peut-être un peu de longueur pour être parfait. Toutefois pour environ 16€ chez les cavistes, c’est un bon rapport qualité-prix.
Le Clos Capitoro 2009, Ajaccio, a été une de mes découvertes lors d’une précédente soirée à la FCVF (voir par ailleurs). J’ai pu repérer le domaine cet été en sortant de l’aéroport d’Ajaccio pour rejoindre le sud de l’île. Dommage que les portes n’aient pas été ouvertes… La famille Bianchetti est à la tête de ce Domaine de 50ha depuis 1856 et s’efforce de promouvoir les méthodes de culture raisonnée sur cette appellation qui borde la belle baie d’Ajaccio. Son vin présente une robe grenat qui précède un nez riche en fruit noir (mûre, cerise noire), de crème de vanille avec une évolution épicée sur les herbes de Provence et le poivre. Il s’agit d’un vin qui conjugue matière et fraîcheur au palais : après une attaque riche, les tannins frais enrobent un fruit noir intense porté par la vanille (malgré un vieillissement 100% en cuve) ! C’est un vin avec beaucoup de fond et une cohérence évidente entre le nez et la bouche. On soupçonne à juste titre le côté flatteur du Grenache qui complète à hauteur de 20% un encépagement dominé par le Sciacarrellu sur des sols à dominante granitique. Superbe !
Sébastien était présent à la soirée mentionnée ci-dessus et a ressorti un autre vin dégusté ce soir-là : le Corse « La Robe d’Ange » 2009 du Clos Fornelli. Sa couleur rubis foncé et ses belles larmes au bord du verre jouent dans le registre de l’élégance. Son nez profond fait la part belle aux épices, à la cerise au jus et au cola. Des notes rustiques caractérisent le Sciacarrellu tout comme une évolution sur les herbes de Provence. Une pointe d’eucalyptus élance le tout d’une belle fraîcheur qui annonce un vin plein d’énergie en bouche. Encore jeune et fier de son terroir, il virevolte sur le fruit rouge complété de fines notes végétales. Pour finir ce vin très typé et infiniment gourmand se prolonge dans une finale réglissée et cendrée ! Il exprime beaucoup d’élégance, de rondeur, fruité, avec une belle complexité aromatique toute en épices. Des rendements faibles (40hL/ha) et un respect du terroir constituent cette robe d’ange qui porte délicatement son nom. Bravo à Mme Vanucci qui a repris ce Domaine de 15ha en 2005 et qui porte haut les couleurs des vins de la côte orientale. A suivre !
Nous terminons la soirée avec un vin blanc en accompagnement de fromages de brebis corses. Benoit a apporté un vin d’un domaine qui était sur ma liste en rentrant de vacances : bien lui en a pris car le Figari 2012 du Clos Canarelli est un vin remarquable. D’aspect jaune pâle aux nuances de tilleul, il s’ouvre sur un premier nez dominé par la banane, la groseille à maquereau, le graphite et la cendre. Ce nez très sexy attire la dégustateur pour ensuite évoluer sur des notes minérales. La bouche est plutôt discrète à ce stade mais tout en subtilité. La registre aromatique est plutôt complexe, avec des notes évidentes de banane mais aussi une palette de fruits blancs et un élan de framboise. L’élevage sur lies et le bâtonnage sont de mise ainsi que le passage en barrique de chêne de l’Allier : pourtant le boisé ne ressort pas du tout à la dégustation, ce qui en fait un vin d’une distinction remarquable. 100% Vermentinu. Bravo !
En somme les vins proposés ce soir furent très divers en terme de terroir et de provenance. Grâce à tous, nous avons pu faire le tour de cette Ile de Beauté qui renferme bien des trésors viniques dont nous avons pu profiter tous ensemble. Avec en plus une belle ambiance et une soirée d’été réussie, tous les ingrédients étaient présents pour en faire un évènement convivial et fidèle au thème. Il ne manquait que les chants corses pour s’y croire…
In vino veritas