Ce commentaire s’intéresse comme promis aux meilleurs vins rouges étrangers dégustés lors de la Coop Weinmesse, qui a eue lieu du 5 au 14 octobre au Restaurant Zum Schützenhaus à Bâle. Lors de cette Foire aux vins organisée de main de maître par Jean-Claude Ruetsch, pas moins de 17 stands furent destinés aux vins rouges, contre seulement 4 aux vins blancs. Vous imaginez donc la difficile travail du dégustateur qui a la lourde tâche de ne sélectionner que les meilleurs bouteilles. Pour se faire, j’ai dû m’y reprendre à trois fois pour pouvoir ne serait-ce que goûter le must. Et Dieu sait qu’il y avait des grandes bouteilles lors de cet évènement, toutes ouvertes à la dégustation. Aussi, j’ai pû découvrir plusieurs vins au rapport qualité/prix excellent. Compte-rendu…
J’emprunte l’escalier majestueux qui me mène à la grande salle réservée aux banquets : der Schützensaal. Au risque de me répéter, quel magnifique décor ! Par souci de structure, je commenterai les vins par région, afin de pouvoir éventuellement les comparer les uns aux autres. Bonne lecture !
Commençons par les vins suisses et partons ensuite au coeur des vignobles italiens et sud-américains. Pour finir, je commenterai dans un autre article les vins rouges français…
- Vins suisses
Les différentes régions viticoles suisses recèlent de vins rouges soyeux d’une part, grâce à leur fidélité au Pinot, mais affirment aussi leur caractère bien trempés, avec des vins du Sud du pays qui s’appuyent sur le Merlot et/ou la Syrah. Lors de cette dégustation, je n’ai été charmé que par des Pinot Noir ou des Blauburgunder : le Pinot Noir 2006 du Château d’Auvernier est foncé de couleur, aux reflets violacés. C’est un vin classique, sans prétention, mais sans charme particulier. Il est agréable en bouche mais il reste un Pinot Noir d’entrée de gamme sans relief. D’autant plus qu’il se montre tannique et âpre en finale. Il demande peut-être un petit séjour en cave. IVV : 79-81/100.
Le vin suivant, vieilli en barrique, marque un changement : Le Pinot Noir Saint-Léonard « Réserve » 2005 du Domaine des Virets est plus souple, dans le vrai registre de la finesse et du soyeux que produit un beau Pinot Noir. Sa finesse de fruit et son boisé discret très bien fondu en font un très très beau vin, avec un superbe ésuilibre et une belle longueur en fin de bouche. IVV : 89/100.
Pour finir, signalons une magnifique affaire. Le Riehener Blauburgunder « Schlipfer » 2005 de la cave communale est très velouté, sur les épices (cumin). A la fois harmonieux et élégant, il se dévoile facilement avec grande finesse et grâce à une acidité modérée. De la dentelle. IVV : 85/100.
- Vins italiens
Autant vous l’avouer tout de suite, je ne suis pas un grand connaisseur de vins italiens. A mon grand dam… Cette dégustation a donc été une nouvelle fois l’occasion de me familiariser avec de nouvelles régions, de nouveaux cépages et de nouveaux styles. L’Italie recèle de tant de belles choses qu’il me fallait en déguster quelques unes ! Commençons dans le vif du sujet, avec le Barolo 2002 de Pio Cesare. Ce vin est très jeune. Alors déja que ma connaissance de vins italiens est limitée, il faut en plus que je commence par un grand vin… Sa couleur grenat tirant sur le brun. Riche en alcool au nez, il se montre néanmoins complexe, avec du miel, du bonbon angalis, et des notes animales. Vineux en bouche, il montre beaucoup de vigueur et laisse augurer une belle garde. Même s’il manque de profondeur pour le moment, il démontre un beau potentiel. IVV : 88-90/100.
Basculons ensuite en Venetie avec la dégustation de trois Amarone della Valpolicella. Encore très jeunes, ces vins sont difficiles à juger, d’autant plus que ma connaissance de ces vins se résume à très peu de choses. L’Amarone della Valpolicella « Monte Croce » 2004 de Ca’ del Monte (CDM) s’ouvre sur les fruits rouges cuits, confiturés, voire alcoolisés (Brandy). Il se montre épais, très chaleureux, presque entêtant. IVV : 85/100.
L’Amarone della Valpolicella Classico 2004, Brigaldara est de couleur prune aux reflets rubis. Riche en glycérol, ses notes de baies rouges cuites (cerise), de noix et de pomme rappelle un vin du Jura (Macvin). L’attaque est très douce, mais le tout se montre très puissant au palais avec cette touche de prune, de viande grillée, sans jamais exagérer (bel équilibre malgré 16% d’alcool). La finale est longue, sur la pomme très mûre. IVV : 90+/100.
Enfin, l’Amarone della Valpolicella « Bosan » 2001, G. Cesari est le plus foncé des trois. En bouche, il est très imposant et extrêmement flatteur. Sa puissance n’a d’égale que son équilibre souverain. L’acidité est déjà bien fondue et se prolonge jusque dans une longue finale boisée, chocolatée. Plus épanoui, il montre toute la grandeur et la prestance des Amarone. Bravo ! IVV : 92/100.
Les vins de Toscane ont été de qualité hétérogène, mais je suis convaincu que je dois en regoûter quelques uns pour en avoir le coeur net. Je reste notamment sur une belle experience avec un Chianti Classico « Riserva Ser Lapo » 2003, Castello di Fonterutoldi friand, fruité, équilibré, ainsi qu’un Brunello di Montalcino 2002, Tenuta di Sesta qui demande à vieillir. Sa structure tannique, mais aussi sa grande pureté seront ses meilleurs alliés. Enfin, deux Supertoscans a attiré toute mon attention. Le Maremma Toscana 2004, Poggio Verrano « Dromos » est extrêmement velouté, doux et caresse le palais avec ses arômes de fraise, de fleur et d’épices. Quel charme ! Un vin à boire pour lui même tant il procure du plaisir. IVV : 92/100. Pour finir, le Toscana 2003, Campaccio Terrabianca combine au nez le fruit rouge, la mûre, avec une touche de vinaigre balsamique, d’olive, d’herbe et de pruneau. Quel complexité ! En bouche, il est plus monotone, toujours sur le fruit rouge et noir, mais avec des tannins fondus et élégants. La finale est longue et annonce deux à cinq ans de potentiel. IVV : 89+/100.
Le Sud de l’Italie a offert une très belle surprise. Le Terredora di Paolo 2001, Taurasi arbore un rubis intense. Les fruits rouges mûrs, la vanille et les épices se mêlent au nez. Dense, structuré, il est déjà prêt à boire mais offre un très grand potentiel. Magnifique. IVV : 91/100.
- Vins sud-americains
Finissons ce petit Tour du Monde par un détour hors d’Europe, sur cette terre sud-américaine qui produit des vins veloutés, flatteurs et doux, qui procurent un grand plaisir. Je n’en retiendrai que deux. Tout d’abord l’Assemblage Acrux 2004 de la Vina Sutil est d’une couleur rubis tirant sur le brun. Le nez est frais, avec des touches successives de fraise, de mûre, une fine nuance épicée et une belle fraîcheur (herbe fraîche). L’attaque est douce, avec les mêmes arômes qu’au nez, auquel vient s’ajouter des notes gourmandes de chocolat. L’ensemble est long, frais, flatteur et très accessible, mais pourra être consommé sans se presser, encore 5 années au moins. Très sexy ! IVV : 91/100.
L’autre grande réussite sud-américaine nous vient d’Argentine. Le Privada 2004 de la Bodega Norton est toasté au nez, avec des fruits noirs (mûre, figue) et une pointe de chocolat. Très gourmand, il lâche une pointe de cassis. En bouche, le tout est très doux, onctueux, biscuité, mais ne manque pas d’acidité. Il montre une belle structure et un équilibre souverain. La finale est légèrement tannique mais goûteuse et montre que ce vin sera absolument parfait d’ici 2 ans. Les experts du Wine Spectator lui ont donné une note de 90/100 en juin 2006 ; pour ma part, je ne résiste pas à ce vin, qui a ce qui faut là où il faut. Bravo ! IVV : 92+/100.
J’en ai terminé pour aujourd’hui. Il ne me reste qu’à vous faire rêver dès demain avec des noms et des châteaux qui font tourner la tête de tout amateur de vins de France et de Bordeaux en particulier, avec aussi en marge deux magnifiques Bourgogne. Restez en ligne…
In vino veritas
Thomas