Etoile montante de la viticulture alsacienne Eric Rominger nous a accueilli au début de ce mois pour nous faire découvrir son millésime 2012. Ce fut un exercice périlleux pour nous tous car la majorité des vins étaient encore en élevage. Nous avons toutefois pu déguster de très belles choses comme le Riesling Steinstück 2012, le Pinot Gris 2012 ou le Gewürztraminer Grand Cru Zinnkoepflé 2012. Avec en prime quelques bonus…
Les lecteurs assidus de ce blog ont déjà entendu parler d’Eric Rominger, vigneron exemplaire basé à Westhalten au pied du Zinnkoepflé et à l’entrée de la Vallée Noble (voir plus d’infos sur le domaine dans le dernier commentaire ici). Classifié en Demeter depuis le millésime 2012 il applique cependant rigoureusement les préceptes de la viticulture bio-dynamique depuis bien plus longtemps (4 à 5 ans), avec une attention particulière à réduire le sulfitage le plus possible… Le domaine travaille essentiellement sur deux terroirs : les sols gréseux vers Bergholz, berceau de la famille Rominger ; et les sols calcaires, que ce soit sur Guebwiller (petite parcelle de jeunes vignes dans le Grand Cru Saering) ou bien sûr à Westhalten avec bien entendu le Grand Cru Zinnkoepflé.
Nous avons eu droit lors de cette soirée à toute la gamme des vins de ce vigneron passionné et sérieux : quelques vins furent d’ores et déjà en bouteille mais la majorité des vins ont été goûtés sur fût. Nous débutons avec le Sylvaner 2012, issu de sols durs et de vieilles vignes de 40-45 ans. Les rendements sont mesurés (40hL/ha) et produisent un vin au nez déjà ouvert sur les herbes fraîches ainsi que les agrumes. Il offre des nuances solaires et se révèle riche en bouche malgré un équilibre sec (1g/L), même s’il est marqué par une légère amertume en milieu de bouche. La finale est rafraîchissante ; ce vin demande encore 2 ans de garde pour se donner pleinement. Le Muscat 2012 affiche 8g/L de sucre résiduel et se montre très avenant et croquant au nez. Des notes de fruits exotiques, de lys et de baerewecke s’expriment au nez puis la bouche se caractérise par une belle matière malgré une attaque plutôt discrète. Je le trouve élégant même si je m’attendrais à plus de peps.
Nous poursuivons avec une série de Riesling, à commencer par le Riesling 2012 (5g/L) qui allie des notes de terroir (cendre) et de fruit dans un nez profond et classe. La bouche joue sur la rondeur, le fruit est présent et se prolonge dans une finale profonde, longue et sapide. Cette entrée de gamme est déjà très qualitative et prête à boire. Le Riesling Schwarzberg 2012 est sec (1g/L), son nez est assez profond et zesté mais encore plutôt fermé à ce stade. La bouche monte d’un cran par rapport au vin précédent : le volume est présent, presque plus riche que le Riesling Schwarzberg 2010 goûté il y a 1 an. Chaleureux en finale, il se distingue par sa minéralité et sa fraîcheur. Il sera prêt dans 5 ans. Le Riesling Steinstück 2012 est issu d’un superbe parcelle perchée dans un cirque à l’Est du Grand Cru Zinnkoepflé. C’est la première fois qu’Eric a produit cette cuvée : selon lui il s’agit du Grand Cru oublié de la commune de Westhalten. D’ailleurs son nom suggère un sol très rocailleux. Encore en fermentation il titre actuellement 9g/L de sucre résiduel mais finira sec. Il a cependant déjà trouvé son équilibre et se montre déjà très süffig à ce stade, sur des notes juteuses de pamplemousse. Belle trame acide, belle structure, à suivre…
Le Domaine exploite deux Grands Crus dont ce Riesling Grand Cru Saering 2012. Cette parcelle a été totalement replantée il y a maintenant une dizaine d’années. Ce vin qui a grandi sur un sol grès calcaire n’est pas encore très accessible et demande un peu de temps dans le verre pour se stabiliser. La fin de bouche est fumée. Le Riesling Grand Cru Zinnkoepflé 2012 est présenté en deux styles différents, le premier issu d’une vendange précoce : le vin affiche une légère réduction mais dévoile déjà une belle trame acide. Le deuxième verre montre un côté plus mûr car les raisins ont été récoltés 3 semaines plus tard : le tout est donc plus exotique. Le résultat de cet assemblage n’est pas encore connu à ce jour mais j’ai hâte de regoûter le vin une fois en bouteille. Pour notre référence Eric nous offre le Riesling Grand Cru Zinnkoepflé 2011 lui aussi encore en élevage. Le vigneron s’est efforcé de laisser ce vin finir sa fermentation et n’a pas pratiqué de sulfitage. Le résultat affiche 14.7° d’alcool acquis et un ensemble très puissant. Va-t-il cependant pouvoir soutenir tant d’alcool avec les acidités modérées que l’on a retrouvé en 2011? Pas sûr…
Nous passons au Pinot Gris 2012 qui est issu d’un sol calcaire et qui est déjà doté d’un beau gras et d’arômes plutôt agréables d’amande douce et de fruits jaunes. Bien fait, il confirme nos attentes en bouche grâce à une belle complexité et des notes caramélisées en finale. C’est un vin sobre, à la finale sapide qui est fait pour la gastronomie. Et je nous parle pas du prix de ce superbe rapport qualité-prix, c’est indécent ! Je passe mon tour sur le Pinot Gris Schwarzberg 2012, encore très fermé à ce stade et extrêmement difficile à goûter. Nous achevons cette série avec le Pinot Gris Grand Cru Zinnkoepflé 2012 qui est pas mal du tout déjà à ce stade précoce. Le nez est complexe sur le fruit jaune, le miel, des notes confites et la pomme au four. Son équilibre est déjà presque décelable même si le vin est encore en fermentation. A suivre…
Nous terminons cette revue du millésime 2012 par la série des Gewürztraminer et plus particulièrement le Gewürztraminer sec 2012. Il offre un nez plutôt avenant de tabac blond, de caramel et de noisette puis en bouche, bien qu’il soit aromatique, je lui trouve un côté entêtant. Le Gewürztraminer assemblé 2012 est lui beaucoup plus facile à ce stade avec une bouche sexy sur la rose confite et le litchi. La finale est fraîche et moyennement longue. Il me donne l’impression d’être une fille facile… Le Gewürztraminer Luss 2012 est issu d’un sol calcaire dallé actif. Il montre un bel équilibre en bouche mais aussi un côté chaleureux et épicé. Sa finale est minérale et poivrée, c’est un vin de caractère issu d’un terroir de caractère. Enfin le Gewürztraminer Grand Cru Zinnkoepflé 2012 est encore à un stade embryonnaire mais propose déjà une grande dimension minérale. Eric suggère qu’il devrait avoir un degré de plus pour être parfait, personnellement je lui trouve déjà un très bel équilibre. Il a un grand potentiel de garde même s’il présente d’ores et déjà une belle complexité (rose confite, coing).
Ce dernier vin est un témoignage de toute la passion d’Eric et de Claudine Rominger pour qui le vin est source de partage et de convivialité. Je les remercie grandement de nous avoir accueillis. Leur sympathie et leur chaleur sont un plaisir pour nous tous passionnés. Je vous recommande de passer au domaine et vous verrez. Un grand merci aussi à Jean-Michel d’avoir préparé cette soirée, vous retrouverez aussi ses commentaires avisés sur son blog Vinissime.
A bientôt sur www.in-vino-veritas.fr