Les Avinturiers ont récemment accueilli Anne et Jean-Marc de Crozals pour nous faire découvrir leur Domaine des Homs à Rieux en Minervois. Le couple languedocien nous a fait le plaisir de passer par l’Alsace pour nous présenter le fruit de leur travail de vigneron. Avec au programme notamment les deux blancs du domaine, l’excellent Vin de Pays d’Oc « Tersande » ainsi que leur deux AOC Minervois, Paul et les Gravières de Sancastel. Coup de projecteur…
Le rendez-vous mensuel des Avinturiers nous emmène cette fois-ci dans le Languedoc, dans le Minervois plus précisément, à la découverte du Domaine des Homs. Après plusieurs années passées dans la grande distribution Jean-Marc de Crozals reprend en 2000 le domaine familial qui ne vendait jusqu’alors uniquement au négoce. Fort d’une longue expérience au Château Mont-Redon à Châteauneuf-du-Pape, ce diplômé de l’Université Internationale du Vin de Suze-la-Rousse (Drôme) a toujours eu la conviction de sublimer les terroirs du Plateau des Homs qui se trouve à une altitude d’environ 200m, au pied de la Montagne Noire.
Jean-Marc et sa femme Anne ont donc travaillé d’arrache-pied depuis plus de 10 ans afin de réhabiliter le vignoble pour en tirer le meilleur. Comme ils le disent si bien, ils ont sans cesse oeuvré à exploiter toutes les forces du Languedoc : une météorologie exceptionnelle – surtout ces dernières années par rapport à d’autres vignobles français, une myriade de différents terroirs ainsi qu’un climat méditerranéen qui alterne les avantages du soleil aux influences maritimes (vent d’Est mais aussi le cers, un vent sec du Nord-Ouest). C’est dans ce but que Jean-Marc a arraché 90% des vignes du domaine depuis qu’il l’a repris en l’an 2000 ! Le vignoble doit refléter les meilleures qualités du cépage, du sol et de la climatologie. Ce domaine de plus de 15ha fait la part belle à la Syrah qui constitue la grande majorité du vignoble planté en cépages rouges, avec bien sûr le Grenache et le Carignan en complément. Les blancs privilégient le Viognier (2.5ha), le Chardonnay (2ha) et une petite part de Muscat à petits grains. La vigne est conduite en agriculture biologique depuis plus de 10 ans, nous en verrons les bienfaits au cours de la dégustation…
Nous débutons avec Le Chardonnay 2012, Vin de Pays d’Oc. Issu de rendements modérés (45-55 hL/ha) en raison d’une taille très courte, comme toutes les autes vignes du domaine, ce vin a été récolté fin août et élevé majoritairement en cuve inox (70%), le reste étant passé en barrique avec bâtonnage dans le but de conférer du gras à l’ensemble. En résulte un nez friand et très agréable qui s’ouvre sur le fruit blanc avec des notes de noix fraîche et un léger fumé à l’aération. La bouche alterne fraîcheur et gras : la pêche blanche, les agrumes et une pointe exotique donnent de l’élan à l’ensemble. La fin de bouche n’en démord pas et procure une belle touche mentholée rafraîchissante. Ce vin est jeune et offre beaucoup de plaisir pour lui-même.
Le deuxième vin blanc est le Viognier 2012, Vin de Pays d’Oc. Sa robe dorée précède un nez très fin et sans excès, ce que je trouve très rare pour un vin de ce cépage… Les fleurs blanches, l’abricot et des notes de bonbon acidulé s’affirment avant que la bouche ne se délie avec un très bel équilibre qui ne trahit aucune amertume. L’abricot, la bergamote ainsi que la mirabelle se montrent tout en finesse et avec une belle texture veloutée. La finale est longue et chaleureuse. Je le vois très bien sur des coquilles Saint-Jacques fraîchement poêlées…
Avant de poursuivre avec la gamme classique, Anne et Jean-Marc nous proposent une nouveauté, le Côteaux du Peyriac « L’Amandier » 2012, qui vise à satisfaire la demande sans cesse croissante des vins de type bar à vins, que ce soit en France ou à l’export (20% de l’activité de la propriété). J’ai déjà utilisé quelques fois cette expression par le passé pour caractériser des vins faciles à boire car souvent dépourvus de tannins. Et bien en voici un nouvel exemple constitué à part égales de Cinsault, de Grenache et de Syrah. Sans soufre jusqu’à la mise en bouteille, cet assemblage propose un nez assez réduit (oeuf) avant de s’ouvrir lentement et de mettre en avant le fruit rouge avec facilité et légèreté. La bouche est friande, gorgée de fruit avec des fines touches de sous-bois, le tout dans un style plutôt onctueux que tape-à-l’oeil. Je mets au défi celui qui pourra démasquer ce vin à l’aveugle. Un plateau de charcuterie vous ravira pour commencer les devinettes…
Nous passons ensuite à l’entrée de gamme classique du Domaine des Homs à savoir le Vin de Pays d’Oc « Tersande » 2012. Il s’agit en fait d’un Minervois déclassé par le vigneron qui a pour but de procurer un vin de plaisir immédiat plutôt que de rechercher l’expression d’un Minervois en tant que telle. Composé à 90% de Grenache et à 10% de Syrah il décline toute une série de fruits noirs avec une touche de vanille et d’amande douce. Passé une attaque fraîche, l’équilibre de bouche se montre précis : le fruit (mûre, cerise noire) et l’olive noire sont portés par une matière généreuse. Le tout claque sur la langue car il est rehaussé par un fraîcheur salivante en finale. Un vin idéal à boire tout seul ou sur une viande grillée. Un rapport qualité-prix incroyable !
Face à lui le Minervois « Paul » 2009 dévoile un nez plus abouti et de ce fait plus harmonieux. Une légère note de vernis disparaît pour laisser la place au cassis et à la mûre. Dans ce millésime solaire Paul n’a pas à envier la puissance de son cadet même si la bouche s’est faite avec le temps. Il est massif, mais avec justesse. Cependant je préfère la fraîcheur du millésime 2012 à la puissance du 2009, qui plus est en accompagnement d’un plat.
Nous achevons cette passionnante dégustation par une verticale de 3 millésimes du vin phare du Domaine des Homs, le Minervois « Gravières de Sancastel ». Produit uniquement dans le meilleures années, ce vin est issu à 100% de vieilles vignes de Syrah (45 ans) et de rendements faibles qui avoisinent les 25hL/ha. Il s’agit d’un vin de garde comme en atteste le 2012 dégusté lors de cette soirée. Le nez est chargé de fruit noir (cassis, mûre, prune) mais aussi de fines notes d’épices et de graphite qui s’affirmeront avec quelques années en cave. La bouche évoque clairement le cassis dans tous ses états, tantôt le fruit tantôt la grappe. L’élevage en petites pièces de 228L se sent encore légèrement (caramel, vanille) mais est déjà bien intégré dans la rondeur et le velouté des tannins. L’élégance de ce vin est porté par une finale fraîche qui reprend le cassis et la violette.
Le Minervois « Gravières de Sancastel » 2006, généreusement apporté par Benoit l’humble organisateur de cette soirée, nous sublime par l’intensité du cassis (baie de cassis, jus de cassis) rehaussé d’asphalte avec une belle pointe mentholée et fraîche. Jean-Marc nous avoue que dans ce millésime, les acidités furent très élevées et que donc les vins se montraient très serrés dans leur prime jeunesse. Par ailleurs les millésimes anciens des Gravières n’étaient élevés qu’en fût et non en petites barriques comme les années plus récentes. La bouche reprend le cassis puis la myrtille avec une pointe herbacée qui procure une légère amertume en bouche. La longueur du vin est respectable. Ce millésime difficile reste cependant très appréciable à ce stade de son évolution.
Nous terminons avec un généreux cadeau de la part d’Anne et Jean-Marc, à savoir le Minervois « Gravières de Sancastel » 2000, leur premier millésime ! Cette bouteille sort tout droit de leur cave personnelle. Les notes évoluées de cette Syrah nous emmènent dans les sous-bois, sur des notes fruitées qui se sont progressivement estompées pour laisser la place à des notes animales et de réglisse. La bouche brille par son équilibre qui met au grand jour les fleurs séchées, des touches animales mais aussi les fines herbes et les épices. Cette bouteille démontre toute l’aptitude au vieillissement de ce vin de classe qui a su garder une belle allonge en fin de bouche.
Après cette dégustation je ne peux que féliciter Anne, Jean-Marc de Crozals et toute l’équipe du Domaine des Homs pour la classe et l’homogénéité de ces vins du Minervois. De plus nous avons constaté au travers des petites verticales qui nous ont été proposées la qualité sans cesse croissante du travail inspiré de Jean-Marc, que se soit à travers la culture biologique ou les vinifications de plus en plus précises en cave.
Surtout sur le millésime 2012, je trouve que les vins ont conjugué comme jamais auparavant une grande puissance et une superbe élégance. Par ailleurs le travail dans les vignes ainsi qu’une juste recherche de la maturité du raisin ont permis de balancer idéalement le croquant et le gourmand ! Au vu des prix pratiqués par le Domaine des Homs, je ne peux que vivement vous recommander de vous jeter sur tous les vins de la gamme.
Un grand merci à Anne et Jean-Marc de nous avoir rejoint en Alsace à l’occasion de cette dégustation, ainsi qu’à toute l’Équipe du Restaurant Au Canon d’Or pour l’organisation sans faille de cette soirée habilement préparée par mon ami Benoit.
Domaine des Homs, Hameau des Homs, F-11160 Rieux-Minervois
Tél. 04.68.78.10.51, jm.decrozals@free.fr
www.domainedeshoms.com
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