Premières impressions de ce Dom Pérignon dans un millésime classique en Champagne. Ce n’est pas trop mal pour un jeudi soir, mais loin de moi tout snobisme. En effet l’envie de partager du vin a souvent plus à voir avec les personnes avec qui l’on est qu’avec un jour de la semaine…
La vie est courte et il serait trop bête de dépenser des fortunes dans sa passion pour ne pas en profiter. Car nombreux sont ceux dont la passion n’est pas le vin, mais l’achat de bouteilles. Sachant que le vin, et a fortiori le grand vin, est une matière vivante, il convient de le voir évoluer, de le jauger. Et quoi de plus impromptue que la visite de mon oncle Christian qui est venu souhaiter l’anniversaire de mon père, pour tenter d’approcher un Dom Pérignon 1998 tout en passant un moment de convivialité autour de notre passion commune.
Mon père se fait attendre, car il est perdu dans le trafic. Nous patientons avec une tapenade d’olives noires et un saumon fumé des plus tendres. Mais l’attente est d’autant plus grande que cette bouteille embaumée dans sa glace nous attire chaque seconde un peu plus. C’est pourquoi je décide de laisser partir le bouchon dans un premier temps afin de voir si ce vin à besoin d’un peu d’air. Alors que la voiture entre dans la cour, je me décide à verser dans les verres ce Champagne à la mousse légère. Nous trinquons à notre bonheur et parlons entre autres des dernières vacances de Christian en Afrique du Sud et de nos prochaines sorties Å“nologiques.
Il est temps maintenant pour moi de vous parler du Champagne en lui-même. Car avant de trinquer, ma conscience professionnelle me rappela de prendre des notes. Rien que dans le verre, ce Champagne s’annonce comme désaltérant. Sa bulle très active est surprenante et sa couleur claire aux reflets tilleul montre qu’il n’est que dans sa phase jeune. De prime abord, ses arômes ne sont pas très complexes au nez, mais l’on décèle facilement une note de miel persistante. Le tout évolue sur la paille, la vanille et les fruits blancs. L’attaque est puissante, fougueuse et confirme la relative jeunesse de ce Dom Pérignon. Un Champagne aux larges épaules, encore très effervescent mais avec une structure en devenir, en témoigne une belle trame acide sous-jacente. Alors qu’il se réchauffe peu à peu et est le compagnon de la tapenade, il gagne en allonge et en profondeur. Sa finale est poivrée avec une pointe d’iode, la longueur de prime abord moyenne gagne en persistance et en chaleur.
En profitant de ce vin dans cette bouteille aussi mythique, il me reste une impression satisfaisante et encourageante. En effet, je pense que ce Dom Pé, du fait de sa couleur de son caractère affirmé et de sa complexité limitée, est dans une phase de fermeture. Il est capricieux, et ne se donne pas pleinement. A ce titre, je ne peux que rejoindre l’avis du maître de chai de la maison Moët & Chandon, qui affirme que Dom Pérignon atteint à trois reprises une maturité optimale dans sa longue carrière : à 7 ans, 14 ans et 28 ans… Donc si vous voulez en profiter pleinement, sortez vos calculettes ! Sinon, il convient de le préparer (ouverture préalable ou carafage).
Il est donc difficile pour moi de donner une note à ce stade, c’est pourquoi je n’en donnerai pas. Mais il est vrai que pour l’instant, cette bouteille ne mérite pas son prix. Pour l’instant…
Pour autant, ce Dom Pérignon est moins réussi que le glorieux Dom Pérignon 1995 qui, bu le jour de mes 20 ans avec une coupe de fraises, me laisse encore 4 ans et demi plus tard un souvenir indélébile.
A bientôt pour le compte-rendu de l’Afterping de la Saint-Nicolas…
In vino veritas
Thomas